Mistress America
États-Unis, 2015
De Noah Baumbach
Scénario : Noah Baumbach, Greta Gerwig
Avec : Greta Gerwig
Durée : 1h24
Sortie : 06/01/2016
Étudiante en première année dans une université de New York, Tracy se sent bien seule : elle ne fait ni les rencontres exaltantes auxquelles elle s'attendait, ni ne mène la vie urbaine trépidante à laquelle elle aspirait. Jusqu'au jour où elle est accueillie par sa future demi-soeur Brooke, New-Yorkaise pure et dure habitant à Times Square. Séduite par les extravagances de Brooke, Tracy découvre enfin le Manhattan dont elle rêvait…
LA VIE EST UN SONGE
Il y a 4 ans, Noah Baumbach dirigeait Greta Gerwig dans le rôle qui lui permis d'exploser : Frances Ha, dont l'héroïne porte un nom de famille qui sonne comme une exclamation. Cette Frances électrique, névrotique et complexe trouve une lointaine cousine dans ce personnage de Brooke qu'elle incarne dans Mistress America. L'histoire débute sur sa jeune demi-sœur Tracy (Lola Kirke, aperçue dans Gone Girl), dont la vie estudiantine est croquée en quelques mini-scènes qui impriment le vif tempo du long métrage. Cette vie d'étudiante new-yorkaise, plus morne que les extravagances urbaines qu'elle avait imaginées, ne correspond pas tout à fait à ce qu'elle attendait. C'est, au-delà de son récit d'apprentissage, ce que Mistress America raconte en creux : l'écart un peu trouble entre l'existence dont on rêve, celle qu'on vit... et celle que l'on s'invente.
Sans aller jusqu'à la mythomanie, il est beaucoup question de mise en scène de soi dans Mistress America. Tracy se projette naturellement sur Brooke, qui semble être un modèle de New-Yorkaise flamboyante et qui vit là où le cœur nocturne de la ville bat : à Times Square. Brooke peut tout faire, chanteuse sur scène, prof de fitness ou patronne d'un business. Avoir bossé sur la déco de la salle d'attente d'un centre d'épilation suffit à faire d'elle une décoratrice d'intérieur. Noah Baumbach, inspiré par des films particulièrement 80s comme Recherche Susan désespérément ou Dangereuse sous tous rapports, exploite à merveille la nature burlesque de Greta Gerwig dans cette adorable comédie qui n'arrête pas de piailler. Lors d'un décrochage théâtral assez gonflé, les masques se fissurent et le film nous emmène ailleurs. Mistress America a toujours cette pêche communicative, mais celle-ci, à l'image de l'excellente bande originale, est souvent teintée de mélancolie. L'écart entre la vie réelle et la vie rêvée est parfois cruel, mais Baumbach et ses actrices l'investissent avec fantaisie et avec cœur.
En savoir plus
La (très bonne) bande originale de Mistress America a été composée par Dean Wareham et Britta Phillips. Gorgée de new wave et de synthpop, elle propose un voyage dans le temps et plus précisément dans les années 80. Elle est disponible dans le commerce à compter du 8 janvier 2016.