Michael
Autriche, 2011
De Markus Schleinzer
Scénario : Markus Schleinzer
Avec : Michael Fuith
Photo : Gerald Kerkletz
Durée : 1h34
Sortie : 09/11/2011
Cinq mois de la vie commune forcée de Wolfgang, 10 ans, et Michael, 35 ans.
HUMAIN APRÈS TOUT
Michael, qui raconte une histoire inspirée de l’affaire Natascha Kampusch, est le premier long-métrage du réalisateur autrichien Markus Schleinzer. Celui-ci a dû tomber dans la marmite de la malice et de la facétie quand il était petit puisqu’il a collaboré avec les plus illustres de ses compatriotes : Michael Haneke, Ulrich Seidl et Jessica Hausner. Et bien malgré tout cela, la première chose à dire d’emblée sur Michael est qu’il ne s’agit pas d’un film glauque, du moins pas du tout autant qu’on pourrait le croire. Car ce qu’il raconte avant tout, ce n’est pas une histoire d’amour ou de maltraitance, mais tout simplement la cohabitation forcée de deux personnes. En se concentrant sur le quotidien de Wolfgang et son kidnappeur, et en laissant les scènes d’assauts physiques hors-champ, il donne à voir une violence finalement beaucoup plus insidieuse.
Loin d’une caricature de froideur et d’austérité, le scénario prend le chemin de l’objectivité la plus totale, ne faisant ni de l'enfant un martyr, ni de l’adulte un monstre en toute circonstance, mais cela ne veut pas pour autant dire qu’il joue avec complaisance sur une ambigüité perverse. Au contraire, son tour de force est de parvenir à nuancer son personnage principal en évitant toute fascination et de trouver dans son écriture une étonnante simplicité pour chaque scène, reflet parfait de l’honnêteté intellectuelle indispensable pour traiter un tel sujet. Car le but de Markus Schleinzer n’est pas de faire le portrait d’un monstre, mais de montrer que ce monstre est avant tout bel et bien humain, tout ce qu’il y a de plus normal en apparence (en montrant par exemple qu’il est bon travailleur et bon camarade). On ne peut rien reprocher moralement au film sur son approche de cette histoire, mais cela ne doit pas faire oublier ses autres qualités purement cinématographiques.
Si la mise en scène et l’interprétation de Michael Fuith sont plus qu’impeccables, c’est avant tout le talent scénaristique de Schleinzer qui saute aux yeux. Cette accumulation hyper efficace de mini-ellipses, cette capacité à réduire chaque scène à sa portion la plus percutante et riche de sens sans rien laisser traîner, cela rappelle énormément la nouvelle génération allemande, dont Michael est peut-être plus proche que de ses compatriotes sus-cités. Car non seulement le scénario est particulièrement rythmé, mais il réussit également le plus improbable : amener une certaine touche d’humour, et ce sans jamais tomber dans une ironie malsaine (on en reste bouche bée, mais certaines scènes sont juste… drôles) et sans jamais cesser d’être également angoissant. Une sacrée surprise, qui montre que le film, s’il reste très rigoureux, est bien plus riche qu’il n’y parait.