Météora
Grèce, 2012
De Spiros Stathoulopoulos
Scénario : Spiros Stathoulopoulos
Photo : Spiros Stathoulopoulos
Durée : 1h22
Sortie : 17/07/2013
Dans les plaines chaudes de la Grèce centrale, les monastères orthodoxes des Metéora sont perchés au sommet de piliers de grès, suspendus entre le ciel et la terre. En bas, dans la vallée, les cycles éternels de vie à la ferme - la naissance, de traite, l'abattage - offrent un contraste frappant avec leur monde ascétique. Le jeune moine Theodoros et la nonne Urania ont consacré leur vie aux rituels et aux pratiques rigoureuses de leur communauté. Une affection grandissante, l'un pour l'autre, met en danger leur vie monastique. Tiraillés entre dévotion spirituelle et désir humain, ils doivent décider du chemin à suivre.
LE CHÂTEAU DANS LE CIEL
Révélé il y a 6 ans avec PVC-1, qui racontait en un plan séquence une histoire de terrorisme, le Grec Spiros Stathoulopoulos se lance un nouveau défi avec Météora, en compétition à la Berlinale l'an passé. Météora raconte une histoire d'amour atemporelle dans un décor impossible. C'est évidemment ce qui frappe en premier: ce décor naturel d'une beauté à couper le souffle, ces deux monastères orthodoxes perchés sur deux immenses pythons rocheux. La nature, sa grandeur et sa dureté, a évidemment à voir avec le lien interdit qui unit deux religieux. Leur amour s'épanouit dans les pierres, elles-mêmes truffées de symboles religieux. Lui ne connait même pas la couleur de ses cheveux à elle, dissimulés sous un voile. Et Stathoulopoulos sait qu'il faut prendre son temps avant que le voile finisse par être arraché.
La meilleure idée de Météora est son utilisation de l'animation. Reprenant l'esthétique des icônes orthodoxes, elles illustrent à la fois ce qui est et ce qui se dissimule, elles offrent un souffle géant dans un récit ultra-minimaliste. On y perçoit les enfers, on se noie dans une marée de sang. Ce trait d'union entre ce qui est ressenti, ce qui est réprimé et ce qui se passe renforce l'étrangeté de cette œuvre. Mais ce n'est pas la seule étrangeté, voir l'effet de surprise lorsque le présent surgit dans cette histoire qui semble se dérouler il y a des siècles. Le quotidien trivial débarque comme les cabris dévalent la montagne et rentrent dans le réel la tête la première. Même chose pour les sentiments des deux amants, retenus jusqu'à ce qu'ils finissent par tout submerger. Si la gestion du tempo reste inégale, si le film peine à être réellement bouleversant, il reste une expérience singulière dont on se souviendra.
En savoir plus
Météora a été présenté en ouverture du cycle Défense d'aimer qui se déroule jusqu'au 30 juin au Forum des Images. Toutes les informations ici !