Étrange Festival: Mansfield 66/67
Mansfield 66/67 raconte les deux dernières années de la vie de la déesse du 7e art Jayne Mansfield, et s'attache plus particulièrement aux spéculations qui ont entouré sa mort. Celle-ci aurait été causée par une malédiction, suite à sa prétendue liaison avec Anton LaVey, chef de l'église de Satan...
SO HOT IT'S BANNED IN HELL
Il y a pile 50 ans ce 29 juin, le monde perdait avec fracas l'actrice Jayne Mansfield, décédée à 34 ans dans un accident de voiture. La star aurait dit-on été décapitée dans la violence du choc – c'est faux, mais ce n'est qu'un mythe parmi d'autres qui entourent la blonde bombshell. Mansfield pourrait être juste un sex symbol de plus, mais elle demeure une figure culte bien vivante : qu'elle soit un mystérieux objet de fascination dans le livre Jayne Mansfield 1967 de Simon Liberati ou un modèle tendrement parodié par la drag queen goofy Jaymes Mansfield, l'actrice ne sera pas retombée dans l'oubli contrairement à tant d'autres poupées façonnées par Hollywood.
C'est de cela dont il est question dans Mansfield 66/67, documentaire signé par les Américains Todd Hughes et P. David Ebersole (lire notre entretien). De Jayne Mansfield, certes, mais surtout de son pouvoir de fascination, de son aura bigger than life éveillant l'imaginaire, de ce qui distingue une vedette d'une star. Le film égrène les increvables anecdotes toutes plus improbables les unes que les autres au sujet de l'actrice : son palace rose Barbie, son disque où elle relit Shakespeare sur du Tchaïkovsky ou (et c'est une bonne partie de ce Mansfield 66/67) sa liaison avec un amant satanique dresseur de lion. Mansfield maîtrise son couinement signature à la merveille mais elle est aussi la Smartest Dumb Blonde - la plus intelligente des blondes idiotes. Le documentaire explore ces deux visages qui n'en font qu'un, autour d'une star qui est comme peu d'autres à la frontière entre l'empowerment et l'exploitation.
La partie du film dédiée à ses accointances avec Satan permet bien sûr 36 interprétations, une élaboration de théories à la Room 237. Si l'histoire de Mansfield est de temps à autres contée par un chœur dans Mansfield 66/67, ce n'est pas un hasard. Mansfield est une star camp, oui, mais c'est aussi une créature mythologique dont la gloire est chantée par un chœur antique et célébrée ici par des danses interprétatives. Mansfield 66/67 ne met jamais de côté la fantaisie et ne se prend pas au sérieux, mais parle sérieusement d'une icône, pas seulement du cinéma mais de la culture américaine, une Aphrodite des 60s so hot she's banned in hell.