Mal de pierres
France, 2016
De Nicole Garcia
Avec : Marion Cotillard
Sortie : 19/10/2016
Gabrielle a grandi dans la petite bourgeoisie agricole où son rêve d’une passion absolue fait scandale. A une époque où l’on destine d’abord les femmes au mariage, elle dérange, on la croit folle. Ses parents la donnent à José, un ouvrier saisonnier, chargé de faire d’elle une femme respectable. Gabrielle dit ne pas l’aimer, se voit enterrée vivante. Lorsqu’on l’envoie en cure thermale pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres, un lieutenant blessé dans la guerre d’Indochine, André Sauvage, fait renaître en elle cette urgence d’aimer. Ils fuiront ensemble, elle se le jure, et il semble répondre à son désir. Cette fois on ne lui prendra pas ce qu’elle nomme « la chose principale ». Gabrielle veut aller au bout de son rêve.
CURE DE SOMMEIL
Le lieu commun veut qu’il ne faut jamais montrer dans un film de personnage qui baille, de peur de faire automatiquement bailler le spectateur par contamination. Sans réduire le film à cela, Mal de pierres tend à plusieurs reprises le bâton pour se faire battre. Louis Garrel, dont le personnage neurasthénique lui donne enfin une excuse pour ne jamais articuler correctement, passe son temps à demander d’une voix molle "Mais pourquoi suis-je aussi extenué ?" avant de s’endormir d’épuisement au milieu de ses scènes. Cela pourrait être un gag, mais les films de Nicole Garcia ne sont pas réputés pour leur fantaisie. De fait, Mal de pierres est gris et pesant comme un éléphant (le genre de film sur lequel on a envie de souffler pour enlever la poussière), et la torpeur de Garrel devient vite la nôtre.
Mal de pierres est à l’origine un court roman de Milena Agus, que Garcia développe ici à foison, rajoutant détail sur détail. Cela aurait pu rendre l’ensemble généreux mais il se retrouve au contraire figé sous le vernis d’une reconstitution historique anxiogène (les repas de paysans paraissent sortis tout droit d’une pub Cochonou). Dans le rôle forcément attractif d’une femme-qu’on-dit-folle-mais-qui-est-en-fait-libre, Marion Cotillard fonce bille en tête, mais d’une façon curieusement désincarnée. Avec son air de toujours avoir la tête déjà dans la scène suivante, on dirait qu’elle joue dans un autre film que ses partenaires. Difficile ainsi de faire naitre l’émotion, et l’impression qui domine au final est celle d’un film figé et glacial.