Macbeth
Royaume-Uni, 2015
De Justin Kurzel
Avec : Marion Cotillard, Michael Fassbender
Durée : 1h53
Sortie : 18/11/2015
Lecture viscérale de la tragédie la plus célèbre et captivante de William Shakespeare, celle d'un vaillant guerrier autant que chef charismatique, plantée sur les champs de bataille au milieu des paysages de l'Ecosse médiévale, Macbeth est fondamentalement l'histoire d'un homme abîmé par la guerre qui tente de reconstruire sa relation avec son épouse bien-aimée, tous deux aux prises avec les forces de l'ambition et du désir.
PROFIL D’UNE ŒUVRE
Deux des acteurs les plus aimés et respectés du moment, un monument de la littérature occidentale (en costumes qui plus est), une montée des marches à Cannes en guise première mondiale... Et comme si ça ne suffisait pas, les logos Weinstein et StudioCanal en guise de passeport pour le succès. Sur le papier, Macbeth était déjà événementiel. Comme une grande machine construite pour mettre tout le monde d’accord. Bizarrement, la personne la moins connue dans cette histoire, c’est le réalisateur. Quel surprenant pari que d’avoir confié une potentielle machine de guerre commerciale à un réalisateur australien, qui jusqu’ici était uniquement passé par la Semaine de la Critique. Ce choix se démarque des voies toutes tracées des stratégies à Oscar. Et l’on aimerait pouvoir dire que la mise en scène de Justin Kurzel singularise elle aussi le projet pour le rendre unique, ou du moins personnel. Mais au final : patatras.
Ceux qui ont vu Les Crimes de Snowtown, le formidable premier film de Kurzel, ont bien pressenti qu’il ne faisait pas partie des cinéastes qui caressent dans le sens du poil, et qu’on avait plutôt affaire à une tête qui dépasse. Comme on pouvait s’y attendre, son Macbeth est dur, crasseux, amer, et ce Shakespeare-là ne ressemble définitivement pas à celui de Kenneth Branagh. Mais si Macbeth est moins propret que certains films du réalisateur britannique, il lui manque clairement en contrepartie l’aisance narrative de ce dernier. Le film est tout simplement assommant, pesant comme un éléphant de la première à la dernière minute. Kurzel fait sortir les personnages de leurs palais pour les jeter dans la boue d’un champ de bataille. Anti-académique, MacBeth ne l’est pourtant qu’en apparence.
Où est-ce que ça coince ? Dans cette grosse entreprise, chacun est pourtant bien investi dans son rôle. Parmi les qualités principales : la photo est superbe, et Michael Fassbender aussi charismatique qu’on le connait. Mais malgré tout son talent, l’acteur irlandais est lui aussi victime de l’étouffante couche de vernis qui recouvre entièrement le film. La bouillante violence de la pièce ne se traduit ici que par des tunnels de monologues auxquels la mise en scène ne donne aucun relief. A force de ralentis, les scènes potentiellement épiques (et qui auraient dû apporter une respiration) finissent par ressembler à ces spots télés emphatiques et mégalos pour la coupe du monde de foot. Ce ne sont pas elles qui empêchent Macbeth de sombrer lentement mais sûrement vers l’électrocardiogramme le plus pat. Au final, le long métrage ressemble à ces films historiques éducatifs que l’on fait subir à des élèves assommés et mal assis. Sortez vos Apple Pie et autres bouquins d’anglais : Macbeth est moins badass qu’ultrascolaire.