Los Muertos

Los Muertos
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Los Muertos
Argentine, 2004
De Lisandro Alonso
Scénario : Lisandro Alonso
Avec : Argentino Vargas
Durée : 1h18
Sortie : 03/11/2004
Note FilmDeCulte : *****-
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Libéré de prison, un homme cherche à retrouver sa fille qui vit au fin fond de la jungle.

TAKE THIS HANDS AND THROW THEM IN THE RIVER

D'abord quelques rayons de soleil qui tentent de percer un épais feuillage, de hautes fougères qui s'échappent du sol. Puis deux corps ensanglantés et mutilés qui gisent sur un sentier, une ombre mystérieuse qui passe devant la caméra... Assiste-t-on au crime commis par le personnage principal? A l'un de ses cauchemars? Le prélude est-il un aperçu du funèbre destin de ceux qui vont bientôt croiser sa route? Dès les premières minutes de Los Muertos, le réalisateur argentin Lisandro Alonso révèle son art de l'ellipse. La narration et l'intrigue ne le préoccupent pas, seules comptent les sensations, l'atmosphère et la dilatation du temps. Il creuse et approfondit le sillon entamé par La Libertad, son premier long métrage de fiction, qui suivait les pas d'un simple bûcheron sur son lieu de travail. La pure contemplation laisse la place à l'angoisse sourde, le désespoir latent. Los Muertos dessine une trajectoire fascinante et déroutante, languissante et inquiétante comme un orage qui gronde mais qui jamais n'éclate. Le cinéma instinctif de Lisandro Alonso rappelle celui du mexicain Carlos Reygadas (Japon) et du grand maître russe Andreï Tarkovski. Par de longs plans séquences d'une fluidité extrême, il transforme le quotidien en expérience mystique.

EAUX TROUBLES

Au centre de ce dispositif se trouve un homme au teint buriné et au regard noir, Argentino Vargas. Un visage monolithique qui ne trahit aucune émotion. Sa parole est rare mais son geste sûr, quelles que soient les circonstances. Qu'il travaille dans un atelier de menuiserie à l'intérieur de la prison ou qu'il égorge un chevreau au bord de l'eau, on ne connaîtra jamais ses tourments, les motivations qui l'ont poussé à assassiner ses frères. Comme la vérité reste hors champ, le moindre vacillement devient un indice, la pièce infime d'un puzzle dont on ne parvient à délimiter les contours. Pourquoi un jeune taulard veut régler ses comptes avec Argentino au début du film? Pourquoi personne dans la jungle ne le craint malgré son sordide forfait? Jamais la carapace de cet ancien détenu parfaitement adapté à son milieu naturel ne présentera un signe de faiblesse. A l'arrière-plan du récit minimaliste sommeille une Argentine méconnue, ravagée par la crise économique, pays où ne subsiste que la misère. Tel un paradis perdu, le bout de terre entouré d'eau que rejoint le personnage principal à la fin de son périple est une nouvelle prison. Un jeune garçon (son petit-fils) l'y attend. Il vit seul avec sa soeur et a déjà appris à survivre dans ce monde hostile.

par Yannick Vély

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