Les Particules
France, 2019
De Blaise Harrison
Scénario : Mariette Désert, Blaise Harrison
Avec : Thomas Daloz, Salvatore Ferro, Néa Lüders
Photo : Colin Lévêque
Durée : 1h38
Sortie : 05/06/2019
Pays de Gex, frontière franco-suisse. P.A. et sa bande vivent leur dernière année au lycée. A 100 mètres sous leurs pieds, le LHC, l’accélérateur de particules le plus puissant du monde, provoque des collisions de protons pour recréer les conditions d’énergie du big bang, et détecter des particules inconnues à ce jour. Tandis que l’hiver s’installe et que P.A. voit le monde changer autour de lui, il commence à observer des phénomènes étranges, des modifications dans l’environnement, de façon imperceptible d’abord, puis c’est tout son monde qui semble basculer…
ELEMENTAIRE MON CHER HARRISON
Il s’appelle P.A et c’est un adolescent. Un ado tout ce qu’il y a de plus normal, de plus banal. Il s’appelle P.A, il est en terminale, il est timide, un peu gauche, et surtout en pleine mutation. Il s’appelle P.A et déambule en territoire incertain vers un inconnu qui semble l’attirer comme le chant des sirènes attire inexorablement les marins perdus en pleine mer. Il s’appelle P.A, il s’approche de l’âge adulte et il sent qu’il va sortir de l’innocence. Il se retrouve face à cet univers étranger qu’il ne comprend plus et cela provoque en lui un grand vertige. Il s’appelle P.A et son histoire c’est celle qu’est venu nous raconter Blaise Harrison, ce jeune réalisateur venu du documentaire et qui se sert de son background pour composer un film singulier, un peu perché, décalé, pas forcément inquiétant mais toujours intriguant, étrange et abstrait mais pas non plus totalement WTF. Car son premier long de fiction, Harrison le maitrise de A à Z et le compose comme une partition unique avec un rythme qui lui est propre et avec un élément catalyseur flirtant avec le fantastique. Mais qu’on ne s’y trompe pas, Les Particules n’est rien d’autre qu’un teen movie, l’histoire d’un adolescent vivant un dérèglement progressif de son réel et découvrant un champ des possibles qu’il ne sait comment anticiper. Et le film de chercher à capter l’instabilité de cet âge-là. Tout un programme donc. D’autant que la force du jeune réalisateur c’est d’arriver à impliquer pleinement l’attention des spectateurs, de le mettre face au miroir de sa propre adolescence, en posant des questions mais en n’y répondant pas forcément. Car ici c’est à chacun d’interpréter ces perceptions. Et comme souvent, le parcours est plus intéressant que la finalité. Conte initiatique moderne et ancré dans une certaine réalité, maitrisé dans ses cadres, son rythme, son jeu (coup de cœur pour Thomas Daloz, jeune pousse née loin du sérail, d’une justesse incroyable dans un rôle touchant et tout en spontanéité) et son idylle effleurant le genre, Les Particules est donc une vraie proposition de cinéma et se pose en une sorte de cousin à L’Heure de la sortie avec son atmosphère baignant dans une réalité qu’on pourrait juger parallèle même si moins paranoïaque.