Les Crimes de Snowtown
Snowtown
Australie, 2011
De Justin Kurzel
Scénario : Shaun Grant
Avec : Daniel Henshall, Lucas Pittaway
Photo : Adam Arkapaw
Durée : 2h00
Sortie : 28/12/2011
Jamie, 16 ans, vit avec sa mère, dans une banlieue marginale où règnent violence, chômage, et abus sexuels. Tout change lorsque John Bunting débarque dans leurs vies. Il est charismatique, passionnant et Jamie l’admire comme le père qu’il n’a pas connu. Totalement sous son charme, il mettra du temps à comprendre que son mentor est un tueur en série, le plus dangereux qu’ait connu l’Australie…
A HISTORY OF VIOLENCE
Il y a deux manières de voir Les Crimes de Snowtown, excellent premier film de l’Australien Justin Kurzel, ou plutôt deux manières de l’admirer. La première manière, la plus évidente, consiste à le prendre pour ce qu’il est avant tout : une très bonne chronique de brutalité familiale autant qu’un polar glaçant sur la transmission de la violence d’une génération à une autre. Un récit percutant porté notamment par deux acteurs particulièrement charismatiques dans des registres pourtant totalement opposés. Ce postulat de départ peut faire penser au récent Animal Kingdom mais ici la violence est bien plus présente (certaines scènes de castagne, ni spécialement elliptiques ni spécialement gores, réservent le film à un public plus averti que ce dernier – à en juger par le départ massif d’une partie du public plus âgé lors d’une des projections! On entend déjà les avis-clichés sur "les films qui se complaisent dans la violence "…). Mais Snowtown est avant tout nettement plus singulier, car il plonge son histoire dans un contexte particulier, celui de l’homophobie plus ou mois exacerbée d’une bande de banlieusards white trash.
Et c’est précisément ici que le film sidère le plus par sa maturité d’écriture : en parvenant à faire cohabiter deux films en un, sans que l’un d’entre eux ne vienne jamais gêner l’autre ou prendre le dessus. La très grande habileté du scénario est en effet de permettre de voir le film soit comme un policier (relativement) classique, soit comme un film sur l’homophobie, ou de passer aisément de l’un à l’autre. Cet équilibre dramatique que parvient à maintenir Kurzel, sans jamais tomber dans le didactisme ou la revanche manichéenne est rare est impressionnant, et lui permet de traiter de situations familiales particulièrement lourdes (ne comptez pas sur nous pour spoiler), sans jamais tomber dans le glauque, et surtout sans jamais les placer plus haut que les éléments « policiers » du récit. Cela vient sans doute en grande partie de l’idée de génie de ne jamais clarifier la situation du personnage principal, ce qui empêche tout interprétation manichéenne et simpliste d’un récit bien trop riche pour cela.