Les Bien-aimés
France, 2011
De Christophe Honoré
Scénario : Christophe Honoré
Avec : Catherine Deneuve, Louis Garrel, Chiara Mastroianni, Ludivine Sagnier
Photo : Rémy Chevrin
Musique : Alex Beaupain
Durée : 2h15
Sortie : 24/08/2011
Dans les années 60, Madeleine quitte Paris pour rejoindre son nouveau mari Jaromil à Prague. L’arrivée des chars russes dans la ville marquera leur séparation et Madeleine rentrera en France. Dans les années 90, Véra, la fille de Madeleine, tombe amoureuse à Londres d’Henderson qui, lui, se sent incapable de l’aimer. Madeleine et Vera chantent à tour de rôle la fin du vingtième siècle, avec une légèreté têtue, sans laquelle elles risqueraient bien de succomber.
LES CHANSONS D'AMOUR
Les Bien-aimés, nouveau film de Christophe Honoré, est d'abord un grand ouf de soulagement, puisqu'il s'agit d'un rebond salvateur après Homme au bain, probablement une des choses les plus consternantes vues sur un écran ces dernières années. Le côté adaptation cinématographique d'un chat Keumdial.org de son essai avec François Sagat se retrouve pourtant à l'occasion ici, par traces: dans Les Bien-aimés, il suffit parfois de se rencontrer pour coucher ensemble, à tel point que les amours deviennent presque abstraites, très pop et colorées, ce qui fait la force de ce long métrage. Un peu comme si Les Chansons d'amour était débarrassé de son argument dramatique, qu'on chante dans les 60's, qu'un projecteur éclaire un parcours de comédie musicale dans la rue, un tank passe dans Prague mais le ludisme reste. Rien ne semble réel, ni ce marivaudage jusqu'au 3e âge, ni ce médecin minet, ni ce prof d'anglais qui ressemble à un élève mal coiffé, ni cet homo expert en cuni, ni la Champagne-Ardenne à trois stations de Paris.
Pourquoi alors saborder la légereté doucement mélancolique du film pour un dernier tiers tragique? L'écriture des Bien-aimés ne semble jamais se donner les moyens pour que ses personnages sonnent pleins, qu'ils soient autre chose qu'une évanescence sentimentale. Mais le drame est droit devant et on y va. Louis Garrel est péniblement grimé en Jean-Pierre Léaud, on sort la chanson réaliste sur les weekends à Reims. Le refrain Il n'y a pas de mariage heureux, comme un écho aux amours malheureuses chez Ozon, ne tourne clairement pas à l'avantage de Honoré. Reste le souvenir, celui de la première moitié du long métrage, et celui de Deneuve qui, chaussant ses talons d'époque, se replonge, un peu maussade, dans son passé jouisseur et libre.