Le Roi de l'évasion
France, 2009
De Alain Guiraudie
Scénario : Alain Guiraudie
Avec : Pascal Aubert, Ludovic Berthillot, Francois Clavier, Hafsia Herzi, Luc Palun
Photo : Sabine Lancelin
Musique : Xavier Boussiron
Durée : 1h37
Sortie : 15/07/2009
Armand Lacourtade, 43 ans, vendeur de matériel agricole, ne supporte plus sa vie d'homosexuel célibataire. Quand il rencontre Curly, une adolescente qui n'a pas froid aux yeux, il vire de bord. Pourchassés par tous, ils bravent tous les dangers pour vivre cet amour interdit. Ils finissent par créer un drôle de couple. Mais est-ce vraiment de ça dont Armand avait rêvé ?
L'Amour en fuite
Chassons immédiatement les deux clichés qui collent à la peau du cinéma d'Alain Guiraudie ; l'aspect champêtre du cadre - le sud-ouest de la France, son foie gras et son accent chantant -, et bien sûr la gay-attitude, avec tous les jeux de mots possibles et inimaginables sur le premier mot. Alain Guiraudie fait son métier d'artiste en toute liberté et plonge ses personnages dans un monde-cinéma justement non réductible à ses deux raccourcis. D'Un vieux rêve qui bouge à Pas de repos pour les braves, peut-être son meilleur film, le réalisateur s'est construit un univers et une mythologie, une façon bien à lui de saisir la sensualité et la tendresse affective, sentimentale et même sexuelle. Dans Le Roi de l'évasion - titre magnifique -, il abandonna même les oripeaux de ses longs métrages précédents - jeux de mot sur les noms de ville, clichés du western - pour un strip-tease libertaire bien de saison, follement décomplexé sur le plan de la narration et du discours. Le Roi de l'évasion prend ainsi l'allure d'un long sprint, d'une course menée tambours battant d'un homme - Armand - à la recherche d'un bonheur impossible. Et Alain Guiraudie de multiplier les gags, les apparitions drôlatiques et les étreintes, tout en gardant en tête un discours presque dépressif sur le temps qui passe. Tout n'est pas parfait- le scénario ressemble à un work-in-progress, les acteurs sont d'un niveau inégal -, mais le film est toujours traversé d'un souffle de vie et d'énergie, de quelque chose de non-programmé et d'instinctif qui donne au Roi de l'évasion des allures de farandole païenne et dyonisiasque.