Le Braqueur
Räuber (Der)
Autriche, 2010
De Benjamin Heisenberg
Scénario : Benjamin Heisenberg
Avec : Andreas Lust
Photo : Reinhold Vorschneider
Musique : Lorenz Dangel
Durée : 1h36
Sortie : 10/11/2010
Johann Rettenberger, coureur de marathon auréolé de succès et braqueur de banque, vit caché à Vienne. Sans état d’âme, il mesure avec précision fréquence cardiaque, effort, endurance et effectivité pendant ses courses d’entraînement tout comme lors des hold-up où, portant des masques absurdes et armé d’un fusil à pompe, il court pour se dérober à la police. Le jour où il est identifié, il doit échapper au plus grand dispositif policier jamais déployé dans l’Autriche de l'après-guerre...
LA SOLITUDE DU COUREUR DE FOND
Présenté cette année en compétition officielle à Berlin, Le Braqueur colle aux basques de Johann, antihéros hiératique fraichement libéré de prison, accro à la fois à la course à pied et aux braquages de banques. Une double addiction un peu invraisemblable au début (le film s’inspire pourtant d’une histoire vraie), mais paradoxalement bien exploitée par le parti pris du scénario de rien expliquer du background du personnage ni de ses motivations. Et effectivement dans ce cas-là, mieux vaut rien que pas assez, car le film et son personnage-porte-de-prison prennent peu à peu de l’épaisseur. Le Braqueur passe d’ailleurs avec fluidité du fait divers à l’extraordinaire : les scènes de braquage, pas forcément fascinantes, laissent peu à peu place à de simples scènes de poursuite, remarquablement mises en scène ; évolution qui culmine lors d’une longue séquence, proche du mythe, de course à l’aube dans la forêt, où le héros se retrouve encerclé par la nature et réalise qu’il n’a plus nulle part ou fuir. Le meilleur du film se trouve d’ailleurs effectivement dans sa deuxième moitié, dans ce portrait de la perpétuelle fuite en avant d’un homme à la fois incapable de se poser (de se ré-attacher à sa femme, par exemple), et incapable de se sentir libre (comme le lui fait remarquer un autre personnage, il ne cesse de se comporter comme s’il était encore en prison). Le reste du film n’est pas vraiment aussi haletant, mais le jeune Benjamin Heisenberg fait preuve d’un réel talent de mise en scène (on retient entre autre des choix musicaux audacieux – apparemment Jamelia passe toujours à la radio à Vienne), et vient se placer sur la carte des réalisateurs à suivre.
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Le Braqueur est en compétition officielle au Festival Paris Cinéma.