L'année cinéma 2015 de Nicolas Bardot

L'année cinéma 2015 de Nicolas Bardot

Qu'il s'agisse de la conception du fantastique et du merveilleux de Weerasethakul, de la caméra-stylo de Malick, des majestueux longs plans de Lav Diaz, du glissement de genre d'Alex Ross Perry, du refus du film-thèse de Sean Baker ou du film carte postale chez Jayro Bustamante, de la lumière chez Kurosawa, du point de vue adopté – mais pas imposé – dans Goodnight Mommy ou The Duke of Burgundy ou de l'horreur délicate de David Robert Mitchell, les meilleurs films de l'année sont ceux qui ont eu l'élégance, l'intelligence et la sensibilité de laisser le plus de place aux spectateurs, à ce qu'ils voient vraiment et à ce qu'ils ressentent. Ce ne sont pas nécessairement les voyages les plus bruyants de l'année, mais ce sont ceux qui sont allés le plus loin.

  • L'année cinéma 2015 de Nicolas Bardot
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MON TOP

1. Cemetery of Splendour d'Apichatpong Weerasethakul
2. Knight of Cups, Terrence Malick
3. It Follows de David Robert Mitchell
4. Goodnight Mommy, Veronika Franz & Severin Fiala
5. Norte, la fin de l'histoire, Lav Diaz
6. Ixcanul, Jayro Bustamante
7. Tangerine, Sean Baker
8. Vers l'autre rive Kiyoshi Kurosawa
9. Queen of Earth, Alex Ross Perry
10. The Duke of Burgundy, Peter Strickland

FOCUS 2015: EN AVANT LES HISTOIRES

S'il est peut-être plus facile de les pitcher, il est assez compliqué de résumer correctement les histoires de films comme Cemetery of Splendour, Knight of Cups ou Norte, la fin de l'histoire. Dans ces trois cas, il y a un cinéaste ambitieux et en totale maîtrise – alors pourtant que le cinéma qu'ils produisent est à l'antithèse des films « maîtrisés », aux angles bien droits, qui dérangent moins le public. On ne met évidemment pas le scénario à la poubelle. Mais on se souvient des mots prononcés par Peter Greenaway lors de notre interview au sujet de son flamboyant Que viva Eisenstein! : « Regardez ce que deviennent les festivals de cinéma : des antennes d’Amnesty International! ».

De la Palme d'or 2015 à une certaine presse cinéma, il y a souvent une prime au sujet qui semblerait être la réponse du cinéma d'auteur au cinéma plus commercial, standardisé et hégémonique. Des cinéastes, comme Weerasethakul, Malick ou Lav Diaz pour ne citer qu'eux, ont interrogé (parfois malmené) le regard du spectateur. De la même manière, la mise en scène furieuse de l'action dans Mad Max : Fury Road n'empêche pas le film de délivrer un message politique plus fort que bien des films-thèses, les apparences de paisible superficialité de Notre petite sœur sont trompeuses, on ne sait plus si le splendide Taxi Téhéran est un film sur la réalité ou sur la fiction – la même question se pose au sujet du vertigineux Réalité de Quentin Dupieux. Ce sont les paris les plus excitants de l'année : des films qui ne semblent pas nécessairement et avant tout accrochés à leur script mais qui racontent par l'image, les couleurs, le montage, le cadre quelque chose que la seule écriture (et son illustration) ne peuvent pas.

MON TOP INÉDITS (DÉCOUVERTES FESTIVALS / SORTIES DVD / FILMS SANS DATE DE SORTIE)

1. Tag, Sono Sion
2. Happy Hour, Ryusuke Hamaguchi
3. Sayonara, Koji Fukada
4. Behemoth, Zhao Liang
5. The Mirror, Mike Flanagan
6. The Invitation, Karyn Kusama
7. Kurt Cobain : Montage of Heck, Brett Morgen
8. Love Steaks, Jakob Lass
9. Going Clear, Alex Gibney
10. Don't Look at Me That Way, Uisenma Borchu

MES ATTENTES POUR 2016

1. Weightless, Terrence Malick
2. The Handmaid, Park Chan-Wook
3. Evolution, Lucile Hadzihalilovic
4. The Neon Demon, Nicolas Winding Refn
5. The Whispering Star, Sono Sion
6. Creepy, Kiyoshi Kurosawa
7. Bangkok Nights, Katsuya Tomita
8. Elle, Paul Verhoeven
9. Wiener-Dog, Todd Solondz
10. How to Talk to Girls at Parties, John Cameron Mitchell

par Nicolas Bardot

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