L'année cinéma 2012 de Robert Hospyan

L'année cinéma 2012 de Robert Hospyan

"Old dog, new tricks." Au travers de cette réplique issue de Skyfall se résume toute l'année 2012. Une année qui aura vu les héros vieillissants soigner leur résurrection : un hobby revendiqué par James Bond dans sa dernière excursion en date, un passage de flambeau pour Batman, ou encore la réhabilitation d'un autre espion sur le retour dans La Taupe, autant de protagonistes au statut remis en question justifiant leur place dans la société et par là même l'existence de toutes ces suites, reboots, adaptations et franchises que l'on déplore tant. Il n'est jamais trop tard pour se lancer à l'aventure, Bilbo en sait quelque chose. On n'apprend donc pas aux vieux singes à faire la grimace et on laisse les jeunes en créer de nouvelles. Si les cinéastes confirmés connaissent leurs classiques, les jeunes auteurs assurent la relève en bousculant et jouant avec les codes de genres établis, de la science-fiction (Looper) au film d'horreur (La Cabane dans les bois), avec ou sans humour, et pouvant se targuer de toujours avoir du fond, même pour une transposition parodique d'une série ringarde des années 90 (21 Jump Street). Une année où arrivent à se côtoyer dans la qualité l'ancien et le nouveau, blockbusters et films originaux, jeunes premiers et vieux héros, comme Joseph Gordon-Levitt face à Bruce Willis. Le meilleur des mondes.

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MON TOP

1. The Dark Knight Rises, Christopher Nolan
2. Looper, Rian Johnson
3. Skyfall, Sam Mendes
4. Le Hobbit: un voyage inattendu, Peter Jackson
5. La Taupe, Tomas Alfredson
6. Avengers, Joss Whedon
7. 21 Jump Street, Phil Lord & Chris Miller
8. Les Cinq Légendes, Peter Ramsey
9. Le Territoire des loups, Joe Carnahan
. 10. La Cabane dans les bois, Drew Goddard

MON COUP DE CŒUR: EPIC WIN!

Les plus vieux s'en souviennent peut-être encore, avant Facebook, il y avait MySpace. Tout sarcasme mis de côté, peut-être vous souviendrez-vous, si jadis l'inscription sur ce réseau social aujourd'hui oublié vous avait tenté, que lors de l'élaboration du profil, l'une des informations (optionnelles) concernait votre apparence physique. Et tous les internautes enrobés avaient tôt fait de se ruer sur le qualificatif "More to love" pour se décrire. Non loin de là sur la toile, pullulant nombre de topics de forums dédiés au 7e art, on peut toujours lire certains "cinéphiles" se plaindre à l'avance de la durée annoncée de quelque film, excédant les deux heures de métrage. Soyons honnêtes, en cette époque de surenchère, il arrive fréquemment que nombre de films tombent dans le piège de l'auto-indulgence, de manière assez incompréhensible d'un point de vue commercial d'ailleurs, étant donné qu'un film long signifie moins de séances par jour et donc moins de recettes. Et pourtant, nous vivons dans un monde où Bad Boys II dure 2h30.

Toutefois, on condamne un peu facilement au préalable cette récente vague de films qui renvoient aux fresques d'antan, comme si un film adapté d'un comic book ne pouvait prétendre à une aussi sérieuse ampleur, mais la vérité c'est que le terme "épique" a beau être balancé à tout-va, les cinéastes de cette nouvelle génération revendiquent ce format XXL, conférant une dimension de grand classique avant l'heure à leurs œuvres, faisant de Cheval de guerre ou Le Hobbit des prétendants à un cinéma à la David Lean. Néanmoins, Lawrence d'Arabie n'est sans doute pas la seule inspiration de cette mode. L'écriture étalée de certains films longs semblent trahir davantage une influence de la télévision, et plus précisément de la série. Quand on pense à Millénium ou à Avengers, on a aucun mal à imaginer une version de 13 épisodes, comme si les films aspiraient à la densité d'une saison entière, condensé en un (très) long métrage. Certains efforts se situent même au croisement de ces deux références, comme The Dark Knight Rises.

Évidemment, l'exercice est périlleux. Oser raconter une histoire sur un tel canevas, c'est se risquer à une structure propice aux problèmes de rythme et virtuellement aucun de ces films n'en est exempt. Mais pourquoi bouder son plaisir lorsque les films prennent ce temps pour étoffer leur récit, approfondir leurs personnages ou offrir des scènes d'action dantesques. L'enfer est pavé de bonnes intentions, certes, mais quand on aime on ne compte pas. Et peut-être est-ce là le fond du problème, peut-être cela ne marche-t-il que si l'on est déjà un amateur. Ce n'est pas tant que l'amour rend aveugle, c'est juste que lorsqu'un film est aussi généreux, il peut revêtir une apparence imparfaite, mais c'est more to love.

MES ATTENTES

1. Lincoln de Steven Spielberg
2. Pacific Rim de Guillermo del Toro
3. Man of Steel de Zack Snyder
4. Star Trek Into Darkness de J.J. Abrams
5. Pain & Gain de Michael Bay
6. Le Hobbit : la Désolation de Smaug de Peter Jackson
7. The World's End de Edgar Wright
8. Gravity de Alfonso Cuaron
9. Oblivion de Joseph Kosinski
10.The Wolverine de James Mangold

par Robert Hospyan

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