L'année cinéma 2011 de Yannick Vély

Une mariée qui marche au ralenti, sa robe en cendres. Une fillette qui regarde au loin la fin d’un monde. Un coït ininterrompu filmé comme une danse de la mort. Un iguane malicieux qui se glisse derrière une bibliothèque. Little Bob qui chante dans le port du Havre. Un dinosaure qui hésite à tuer son prochain. Une ritournelle qui apaise les cœurs en pleurs. Les souvenirs éméchés de deux amis un soir d’une nuit d’été. Un scorpion. La transformation d’une danseur-étoile en cygne… L'année 2011 aura célébré la vie et la mort, l'humain et le sacré pour témoigner de l'état d'un monde en décrépitude morale.

MON TOP

1 Melancholia, Lars Von Trier
2 Le Cheval de Turin, Béla Tarr
3 Shame, Steve McQueen
4 Ceci n’est pas un film, Mojtaba Mirtahmasb, Jafar Panahi
5 Le Havre, Aki Kaurismaki
6 The Tree of Life, Terrence Malick
7 La Guerre est déclarée, Valérie Donzelli
8 Ha Ha Ha, Hong Sang-Soo
9 Drive, Nicolas Winding Refn
10 Black Swan, Darren Aronofsky

MON COUP DE CŒUR: Guilty of Romance de Sono Sion

Le film le plus dingue du dernier Festival de Cannes, hélas toujours inédit en France. Manifeste féministe qui emprunte aussi bien à la philosophie européenne qu’au porno japonais, Guilty of Romance était l'une des propositions cinéma les plus fortes de l’année, avec un sens assez inouï de la mise en scène, une utilisation fascinante de la musique, et aussi - et surtout pour le mâle qui est en moi - la révélation d’une actrice-créature, Megumi Kagurazaka, totalement démente en épouse bien comme il faut qui s’affranchit de sa condition par le sexe. Plus qu’un coup de cœur, c’est aussi un vœu pour 2012. Qu’enfin les films de Sono Sion soient distribués au cinéma et au-delà de son cas particulier que les salles indépendantes soient aidées financièrement pour survivre et résister aux multiplexes.