La Planète des singes : le nouveau royaume
Kingdom of the Planet of the Apes
États-Unis, 2024
De Wes Ball
Avec : William H. Macy
Photo : Gyula Pados
Durée : 2h25
Sortie : 08/05/2024
Plusieurs générations après le règne de César, les singes ont définitivement pris le pouvoir. Les humains, quant à eux, ont régressé à l'état sauvage et vivent en retrait. Alors qu'un nouveau chef tyrannique construit peu à peu son empire, un jeune singe entreprend un périlleux voyage qui l'amènera à questionner tout ce qu'il sait du passé et à faire des choix qui définiront l'avenir des singes et des humains...
MEET THE NEW BOSS, SAME AS THE OLD BOSS
La "trilogie" de prequels de La Planète des singes est d'un standing assez haut dans le paysage des films de franchises des années 2010, à la fois humain et politique, leur incarnation transcendant leur relatif classicisme. Cette suite, qui abandonne donc le protagoniste de César tout en s'inscrivant dans son héritage, voudrait continuer sur cette lancée et, d'un point de vue esthétique, le résultat est plutôt convaincant. Les effets visuels sont toujours impressionnants et l'ancrage dans une nature filmée en décors réels continue d'y être pour beaucoup dans la qualité du produit, notamment aujourd'hui que les blockbusters tournés en numérique se sont tous formellement affadis et uniformisés. La première heure retrouve un peu de cette sensibilité qu'avait apporté Rupert Wyatt et qu'avait approfondi Matt Reeves, dans la peinture qui est faite de ce peuple singe, un nouveau clan avec ses propres rituels, dans la dramaturgie simple mais efficace qui anime les personnages, et l'idée d'un passé qu'on ignore et d'une religion exploitée à mauvais escient.
Les graines thématiques plantées durant la première moitié du film sont prometteuses, qu'il s'agisse du jeune héros Simba-esque, du vieux mentor (les orangs-outangs sont vraiment les MVP de cette saga), de l'antagoniste singe qui apparaît tout d'abord nuancé et intéressant et même du personnage humain qui recèle de surprises. Mais la deuxième partie ne tient aucune des promesses, retombant, un peu comme les deux précédents mais en bien moins réussi, dans une trame plus fonctionnelle, quasi-McGuffinesque et le film perd en ambigüité, tout en croyant composer des personnages complexes (l'actrice qui joue l'humaine n'a vraiment pas les épaules là où les singes sont toujours parfaits), et en intérêt. En fin de compte, le film ne raconte rien. Rien de neuf en tout cas. Un nouvel épisode qui n'apporte rien au schmilblick, même narrativement. C'est un peu le syndrome Terminator Renaissance : on pourrait tout aussi bien sauter le film sans que cela ne change quoi que ce soit. Il n'y a pas de réelle progression, juste de la redite. Si Le Nouveau royaume n'est franchement pas déshonorant, il demeure trop long et peu concluant.