La Planète des singes : l'affrontement

La Planète des singes : l'affrontement
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Planète des singes : l'affrontement (La)
Dawn of the Planet of the Apes
États-Unis, 2014
De Matt Reeves
Durée : 2h11
Sortie : 30/07/2014
Note FilmDeCulte : ****--
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La suite de La Planète des Singes : les origines. L'histoire se déroule 8 ans après la fin du dernier film, alors qu'un virus a décimé une grande partie de l'humanité et que primates et humains se livrent une guerre terrible et que chaque communauté tente de survivre.

LE PEUPLE SINGE

Difficile de retrouver dans La Planète des singes - l'affrontement ce que les critiques américains, unanimes, qualifient de "meilleur film de l'été". Impossible de comprendre comment la presse US peut voir à ce point au-delà des lacunes scénaristiques d'un film qui ne nous apparaît pas, contrairement à ce qu'ils prétendent, être "un épisode supérieur au précédent". Attention, l'ouvrage est un bon film de divertissement intelligent, traversé de qualités, mais le récit est tellement sur des rails que l'on peine à comprendre les dithyrambes. L'indéniable réussite formelle de l'entreprise, et l'on ne parle pas uniquement des effets spéciaux (qui feraient presque passer le premier film pour Jumanji), y est sans doute pour quelque chose. Matt Reeves (Cloverfield, Laisse-moi entrer) succède à Ruper Wyatt et s'il existe effectivement un aspect où il surpasse son prédécesseur, c'est la mise en scène. Le premier degré à toute épreuve avec lequel le metteur en scène et les scénaristes approchent l'histoire est absolument remarquable, conférant à l’œuvre un bon lot de moments assez puissants. À ce titre, l'ouverture du film reste sans doute la séquence la plus parlante. Pendant près d'une quinzaine de minutes, le spectateur est plongé dans une sorte de documentaire DisneyNature version badass, quasi-intégralement muet - les singes communiquent presque exclusivement en langage des signes - et exposant la communauté formée par les singes exilés en forêt. Passant d'une scène de chasse à une conclusion touchante avec la famille de César, cette entrée en matière nous met face à un film des plus humains. Le passif du cinéaste dans l'horreur entre également en action par la suite et la tension est de mise, Reeves flirtant avec différents genres, du film post-apocalyptique au film de guerre.

HUMAN AFTER ALL

Malheureusement, les choses commencent à se déliter petit à petit au fur et à mesure que les protagonistes humains entrent en scène. À vrai dire, des protagonistes, ils n'en sont pas. Dans un premier temps, l'incursion d'un écho humain au tandem formé par César et son fils laisse imaginer que le film va tisser un arc parallèle intéressant, dans la lignée de la cellule familiale en trois générations du premier film (César adopté par le personnage de James Franco qui vit avec son père malade) mais le script n'en fait rien d'autre qu'un simple point de comparaison entre les deux peuples. De toute façon, le film abandonne assez vite les personnages secondaires, qu'il s'agisse de l'archétypal "connard" qui a peur des singes, du seul rôle féminin aussi ingrat que celui de Freida Pinto dans le chapitre d'avant, ou du patriarche interprété par Gary Oldman. Tous sont laissés complètement en friche et disparaissent pour laisser le héros incarné par Jason Clarke assurer son rôle purement fonctionnel. Une fois de plus, les vraies stars du film sont les singes et le tour de force du film est de rendre fascinant à regarder la vie de ce peuple simiesque, grâce à la performance-capture au poil mais aussi à la mise en image, avec cette photo et cette déco qui sortent un peu des sentiers du post-apo en adoptant un look de Jurassic Park désespéré. Toutefois, même du côté des singes, l'écriture déçoit quelque peu. On voit assez vite où le récit nous mène - et ce n'est pas dû au fait qu'il s'agit d'une préquelle - et le tout se déroule sans surprise. Et surtout sans raconter grand chose. On notera un propos anti-flingue et surtout un plaidoyer pour la paix mais cela reste une toile de fond plutôt qu'une allégorie plus marquée du conflit israëlo-palestinien. Il y a quelque chose d'audacieux à faire un blockbuster principalement constitué de singes photoréalistes qui parlent comme des sourds-muets, et Reeves et son équipe remportent ce pari casse-gueule haut la main, mais en dépit de toutes les bonnes choses à prendre dans l'univers qui s'étend, La Planète des singes - l'affrontement n'est pas aussi touchant ou surprenant que La Planète des singes - les origines.

par Robert Hospyan

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