La Guerre est déclarée
France, 2011
De Valerie Donzelli
Scénario : Valerie Donzelli, Jérémie Elkaïm
Avec : Valerie Donzelli, Jérémie Elkaïm
Photo : Sébastien Buchmann
Durée : 1h40
Sortie : 31/08/2011
Un couple, Roméo et Juliette. Un enfant, Adam. Un combat, la maladie. Et surtout, une grande histoire d'amour, la leur...
CAUCHEMAR DE FÉE
Peut-on imaginer plus grande peur que la perte de son enfant? Épreuve plus difficile pour un couple à traverser que la maladie de celui que l'on a enfanté? De cette terrible et traumatisante expérience, l'actrice Valérie Donzelli - dont il s'agit du second film après l'original La Reine des pommes - signe avec son ancien compagnon Jérémie Elkaïm une incroyable ode au courage, à l'amour et au cinéma. Film de combat contre le sort qui s'acharne sur ce jeune couple presque idéal, contre le pathos qu'un tel sujet aurait pu provoquer, La Guerre est déclarée est aussi fragile que la santé du petit Adam, aussi fort que l'énergie contre le malheur déployée par Roméo et Juliette. Première idée brillante et pudique, plutôt que choisir le je et le gris, Valérie Donzelli a choisi du conte et de la couleur quand celle-ci était possible. Rassurons ainsi tout de suite ceux que le pitch pourrait effrayer. Non, La Guerre est déclarée n'est pas un documentaire sur comment lutter contre les apparitions spectrales de la maladie mais un vrai film d'amour, d'une formidable liberté de ton qui défie sans cesse le dolorisme et le mortifère pour épouser la lutte et l'optimisme des parents.
On pleure beaucoup devant le film, parfois à chaudes larmes même, mais le rire n'est jamais loin, toujours embusqué dans les recoins de la pellicule. Les petits détails de la vie quotidienne sont croqués avec une telle sincérité et une si douce générosité, que La Guerre est déclarée tient aussi de la carte de remerciements dédiée aux proches qui les ont soutenus - parents, amis, médecins -, du témoignage de quelque chose de plus fort que le simple amour qui lie désormais ceux qui ont traversé cette épreuve. Au-delà du sujet et de l'émotion provoquée, le film est aussi l'acte de naissance d'une grande réalisatrice. Sans jamais forcer le trait, avec de vrais paris de mise en scène casse-gueules, Valérie Donzelli parvient magistralement à jouer des ruptures de ton, à repousser le trop-plein d'émotion par un savant décalage. Elle enchaîne ainsi la scène la plus dramatique de l'année, quand Juliette, à Marseille, prévient son Roméo resté à Paris que le petit Adam est atteint d'une tumeur au cerveau avec un tour de chant jubilatoire et enchanteur, qui panse les fêlures de l'âme et met du baume au cœur. Et finalement le plus beau compliment que l'on pourrait écrire après ce film si digne et intime est qu'il donne incroyablement envie d'avoir un enfant avec la femme (ou l'homme) de sa vie. Malgré les épreuves que l'on peut traverser, les doutes et les peines.