La Couleur des sentiments
Help (The)
États-Unis, 2011
De Tate Taylor
Scénario : Tate Taylor
Avec : Jessica Chastain, Viola Davis, Bryce Dallas Howard, Allison Janney, Sissy Spacek, Emma Stone
Photo : Stephen Goldblatt
Musique : Thomas Newman
Durée : 2h26
Sortie : 26/10/2011
Dans la petite ville de Jackson, Mississippi, durant les années 60, trois femmes que tout devait opposer vont nouer une incroyable amitié. Elles sont liées par un projet secret qui les met toutes en danger, l’écriture d’un livre qui remet en cause les conventions sociales les plus sensibles de leur époque. De cette alliance improbable va naître une solidarité extraordinaire. À travers leur engagement, chacune va trouver le courage de bouleverser l’ordre établi, et d’affronter tous les habitants de la ville qui refusent le vent du changement...
MADAME EST SERVIE
Avec son manichéisme poids lourd, il est certain que La Couleur des sentiments va diviser, même si cette adaptation de best-seller a plus d'atouts que son cauchemardesque titre français ne le laisse penser de prime abord. Situé à une période cruciale de l'évolution des droits sociaux pour les Noirs aux États-Unis, entre les figures emblématiques de la naïve Prissy (Autant en emporte le vent, 1939) et le renouveau que Martin Luther King apporta, il oppose les apparences policées du rêve américain raciste et rétrograde qui prospérait dans les banlieues impeccables, à la souffrance digne d'une minorité silencieuse.
Mélange approximatif de La Couleur Pourpre et Desperate Housewives, l'intérêt du film qui abonde en perruques et ailes de poulet frites provient avant tout de sa brochette d'actrices: de Jessica Chastain (méconnaissable en poupée délurée) à Octavia Spencer (mama subtile comme une moissonneuse batteuse) en passant par Bryce Dallas Howard, haïssable en Samantha Stephens version dark, chacune parvient dans son registre à faire naître une émotion particulière, même si c'est Viola Davis qui tire le mieux son épingle du jeu avec une économie de mimiques finalement bienvenue. Fait pour vous faire pleurer à chaudes larmes - il y parviendra sans doute - La Couleur des sentiments, avec ses scènes habilement construites, réserve aussi, hélas, son lot de clowneries scatologiques d'un pâle effet qui desservent une bien belle histoire sur le fond, comme s'il ne fallait parler qu'avec légèreté d'une époque où l'injustice et le mépris étaient la norme. Sensation désagréable qui peut, avouons-le, se faire oublier après ces deux heures de plaisir facile.