La Ballade de l'impossible
Norwegian Wood
Japon, 2010
De Anh-Hung Tran
Scénario : Anh-Hung Tran
Avec : Rinko Kikuchi
Photo : Lee Pin-Bing
Musique : Jonny Greenwood
Durée : 2h13
Sortie : 04/05/2011
Tokyo, fin des années 60. Kizuki, le meilleur ami de Watanabe, s’est suicidé. Watanabe quitte alors Kobe et s’installe à Tokyo pour commencer ses études universitaires. Alors qu’un peu partout, les étudiants se révoltent contre les institutions, la vie de Watanabe est, elle aussi, bouleversée quand il retrouve Naoko, ancienne petite amie de Kizuki. Fragile et repliée sur elle-même, Naoko n’a pas encore surmonté la mort de Kizuki. Watanabe et Naoko passent les dimanches ensemble et le soir de l’anniversaire des 20 ans de Naoko, ils font l’amour. Mais le lendemain, elle disparaît sans laisser de traces. Watanabe semble alors mettre sa vie en suspension depuis la perte inexplicable de ce premier amour. Lorsqu’enfin il reçoit une lettre de Naoko, il vient à peine de rencontrer Midori, belle, drôle et vive qui ne demande qu’à lui offrir son amour.
L'ADAPTATION DE L'IMPOSSIBLE
Transposer au cinéma l'écriture fluide et introspective de maître Haruki Murakami tenait de la gageure artistique, d'autant que La Ballade de l'impossible, premier roman publié de l'écrivain japonais, est peut-être le plus autobiographique de ses ouvrages. Tran Anh Hung (L'Odeur de la papaye verte) était ainsi confronté à un double défi: adapter la narration éclatée du roman, composé d'ellipses, et s'approprier la prose crue et sensible de Murakami pour dépasser le piège de la jolie carte postale illustrative. Il n'y parvient que partiellement, surtout dans une première partie où la mollesse sentimentale du héros se confond avec une mise en scène très apprêtée, composée de plans sublimes, certes, mais dénuée de chair et de passion. Et puis, au fil du métrage, comme un parfum qui tarderait à dévoiler sa fragrance, le charme finit par opérer, même si l'on peut regretter que l'audace du texte de Murakami ne soit pas mise en image plus explicitement. Et si Watanabe peine toujours autant à comprendre les femmes, le personnage de Midori apporte un contrepoint espiègle à la mortifère Naoko. L’on regrette même que l’auteur de Cyclo n’ait pas davantage tranché dans le vif du roman, suivant scolairement les péripéties sentimentales d’un jeune garçon amoureux de la fille qu’il ne faut pas.