L'Exercice de l'état

L'Exercice de l'état
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Exercice de l'état (L')
France, 2011
De Pierre Schoeller
Scénario : Pierre Schoeller
Avec : Michel Blanc, Zabou Breitman, Olivier Gourmet
Photo : Julien Hirsch
Musique : Philippe Schoeller
Durée : 1h52
Sortie : 26/10/2011
Note FilmDeCulte : *****-
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Le ministre des Transports Bertrand Saint-Jean est réveillé en pleine nuit par son directeur de cabinet. Un car a basculé dans un ravin. Il y va, il n’a pas le choix. Ainsi commence l’odyssée d’un homme d’Etat dans un monde toujours plus complexe et hostile. Vitesse, lutte de pouvoirs, chaos, crise économique… Tout s’enchaîne et se percute. Une urgence chasse l’autre. A quels sacrifices les hommes sont-ils prêts ? Jusqu’où tiendront-ils, dans un État qui dévorent ceux qui le servent ?

MINISTÈRE AMER

Pierre Schoeller était déjà venu à Un Certain Regard pour son premier film, le prometteur Versailles, le voici qui fait plus que confirmer avec L'Exercice de l'état. La politique, française plus précisément, aura été objet d'attentions particulières cette année sur la Croisette, entre le ludisme utopique de Cavalier et le pipolisme de La Conquête. Même si Schoeller assure que Bertrand Saint-Jean (dont Olivier Gourmet sert toutes les nuances) n'est pas un décalque d'une personnalité politique en particulier, il rappelle, non pas un film, mais une bande dessinée: Quai d'Orsay, paru l'an passé, et qui, lui, citait implicitement Dominique de Villepin. Même regard passionné pour la vie politique, même souffle tempétueux et permanent, même rapport au verbe ("Toute prise de parole génère de la prise de pouvoir", indique le réalisateur, comme on le voit dans cette scène où Saint-Jean murmure son discours... à l'église).

Même façon, également, de ne pas être dupe et béat devant son animal politique ("Si tu me connaissais vraiment, tu ne m'aimerais pas", lance Saint-Jean à son épouse), n'éludant pas les ombres et compromissions. Une différence de taille avec l'ouvrage de Blain et Lanzac: pas d'observateur dans L'Exercice de l'état, nous sommes embarqués avec Saint-Jean, réveillés en pleine nuit, toujours sur ses basques. Schoeller insuffle du même coup une énergie folle à son film, sprint sans fin culminant lors d'un accident de voiture qui, grandiloquent, s'achève par un travelling circulaire sur Michel Blanc. Schoeller n'a pas peur de traiter son film tel qu'il est, comme un thriller, renvoyant dans les cordes la tiédeur neutre qu'on pouvait redouter, celle d'une mise en scène qui s'effacerait derrière son grand sujet. Rien de ça ici, une ambition de tous les instants et une très belle réussite.

par Nicolas Bardot

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