L'Année cinéma 2010 de Marlène Weil-Masson

Sans éblouir plus que de raison, l’année cinéma 2010 a marqué un tournant en offrant quelques perles au scénario original, reléguant énièmes suites et autres adaptations au second rang. Poussant leurs aînés du podium, Christopher Nolan (Inception) et David Fincher (The Social Network) réussissent une fois de plus à surprendre avec des films à la fois intelligents et accessibles, et peuvent se narguer d’avoir à nouveau emporté la rare double adhésion des critiques et du public; une performance que rejoint discrètement mais sûrement Lisa Chodolenko avec Tout va bien, The Kids are All Right. Dans la catégorie animation par ailleurs, la compétition est enfin lancée de manière équitable : tandis que Pixar a encore su nous émouvoir et nous émerveiller avec le troisième Toy Story, Dreamworks (Dragons) et Disney (La Princesse et la grenouille) se sont finalement hissés au même niveau d’excellence.

MON TOP

1. Inception
2. The Social Network
3. Toy Story 3
4. Tout va bien, The Kids are all right
5. Harry Potter et les reliques de la mort - Partie 1
6. La Princesse et la grenouille
7. Une éducation
8. Dragons
9. Scott Pilgrim
10. A Single Man

MON COUP DE COEUR: La Parenthèse enchantée

Sombre, désespéré, tragique. Autant d’adjectifs dont l’on n’affublerait pas a priori un épisode de Harry Potter. Et pourtant, fidèle au roman, David Yates a fait de cette première partie des Reliques de la mort une sorte de road-movie où nos trois jeunes protagonistes, égarés et seuls au monde, doivent se battre sans trop savoir ni quoi ni où ni comment. Confus face à leur sort autant que peuvent finalement l’être des adolescents sans aucun pouvoir magique, Harry, Ron et Hermione s’enfuient afin d’échapper au danger et de mener à bien leur quête, voyageant au gré des maigres indices trouvés sur leur chemin, vivotant au rythme de leurs colères, de leurs envies et de leurs frustrations. Et parmi ces 2h30 intenses, deux petites minutes au son de Nick Cave viendront apporter un souffle d’air bienvenu, tant pour le spectateur que pour Harry et Hermione, entamant une petite danse à l’abri de leur campement, leur arrachant les seuls sourires du film. Filmée au plus près des acteurs, caméra à l’épaule, sous une lumière dorée, la scène nous invite à partager avec les deux amis un instant d’euphorie éloignant pour trop peu de temps les périls qu’ils doivent affronter et leur permettant, pour deux précieuses minutes, d’être de banals adolescents insouciants.