Jusqu'en enfer
Drag me to Hell
États-Unis, 2009
De Sam Raimi
Scénario : Ivan Raimi, Sam Raimi
Avec : Alison Lohman, Justin Long, Jessica Lucas, Josh Lucas, David Paymer, Dileep Rao, Lorna Raver
Photo : Peter Deming
Musique : Christopher Young
Durée : 1h39
Sortie : 27/05/2009
Christine Brown, spécialiste en crédit immobilier, vit à Los Angeles avec son petit ami, le Professeur Clay Dalton. Tout va pour le mieux jusqu'au jour où la mystérieuse Mme Ganush débarque à la banque et la supplie de lui accorder un crédit supplémentaire pour sa maison. Christine hésite entre la compassion et la pression de son patron, Mr Hicks, qui la voudrait plus ferme avant de lui octroyer une promotion. Fatalement, Christine choisit sa carrière, même si sa décision met Mme Ganush à la rue. Pour se venger, la vieille femme jette la malédiction du Lamia sur Christine, transformant sa vie en un véritable cauchemar. Hantée par un esprit malfaisant, incomprise de son petit ami, elle se fait aider du medium Rham Jas, qui l'entraine dans une course frénétique contre la damnation éternelle, pour inverser le sortilège.
LA COULEUR DE L'ARGENT
Mai 1982: un public ébahi découvre, dans une salle égarée du marché du film cannois, un petit long métrage signé par un gamin insolent de 22 ans. Sam Raimi, ses bois hantés, son livre des morts, et son Evil Dead devenu culte de la première à la dernière goutte d'hémoglobine dingo. Quasiment trois décennies plus tard, le jeune homme fauché est devenu, via Spider-Man, une redoutable machine à sous, et a troqué les jeans troués pour les costards de chef. Pourtant, Jusqu'en enfer est un évident retour aux sources, après les rutilantes machineries de super-héros. L'horreur d'abord, mais pas n'importe laquelle. On le sait depuis Evil Dead, l'horreur de Sam Raimi n'est pas celle de Tourneur, c'est une horreur qui fait du bruit et qui rue dans les brancards, qui claque les portes (fort) et qui hurle de frisson (itou). On sait aussi que malgré son pur amour du genre qui transpire de partout, Raimi aime donner des coups de volant vers le décalage humoristique, le cartoon déjanté, le joyeux bordel à vacarme.
Jusqu'en enfer tel le MIA te propose un voyage dans le temps: soit un hénaurme joujou surdoré, avec Raimi de retour en Dr Mad qui pique la fesse droite du spectateur complice et sadique via sa grosse seringue de fun à vapeur, d'horreur à sorcières baroques, de dégueulis dans tous les sens, de bébête qui parle et de cynisme rigolard. Ecrite il y a une quinzaine d'années avec son frérot, l'histoire de Jusqu'en enfer trouve d'ironiques échos avec l'actualité: une jeune banquière, après avoir refusé un prêt immobilier à une vieillarde édentée et quasi à la rue va se faire hanter par cette dernière. La crise financière passée à la moulinette d'un sale gosse retrouvé, et qui sait poser les bases solides de son B archétypal. Une vieille gitane inquiétante façon Maria Ouspenskaya grunge (Le Loup-garou), un démon en forme d'argent, et un dilemme moral de conte, dans les méandres duquel une blonde innocente (ou pas tant que ça) se noie. Et avale toutes les couleuvres, les asticots et le slime gluant de la Terre.
Jusqu'en enfer est un catalyseur de pied de fou, coup d'agrafeuse dans la face, esprit réveillé des premiers pas horrifiques de Raimi où l'effroi méchant est jumelé Tex Avery: enclume de Bip-Bip et le Coyote, yeux révulsés du Grand Méchant Loup. Tout juste quelques effets numériques qui font un peu tache, mais le retour aux petites affaires du réalisateur accouche d'un vrai ride rétro en train fantôme deluxe, avec une Alison Lohman en héroïne idéale, damnée jusqu'en enfer.