Joe
États-Unis, 2014
De David Gordon Green
Scénario : Gary Hawkins
Avec : Nicolas Cage, Tye Sheridan
Photo : Tim Orr
Musique : David Wingo
Durée : 1h57
Sortie : 30/04/2014
Dans une petite ville du Texas, l’ex-taulard Joe Ransom essaie d’oublier son passé en ayant la vie de monsieur tout-le-monde : le jour, il travaille pour une société d’abattage de bois. La nuit, il boit. Mais le jour où Gary, un gamin de 15 ans arrive en ville, cherchant désespérément un travail pour faire vivre sa famille, Joe voit là l’occasion d’expier ses péchés et de devenir, pour une fois dans sa vie, important pour quelqu’un. Cherchant la rédemption, il va prendre Gary sous son aile…
LES BÊTES DU SUD SAUVAGE
On a beaucoup parlé de Joe comme du film de la rédemption et du renouveau. Rédemption pour Nicolas Cage, que l’on retrouve enfin, après des années de perdition, au plus haut niveau de sa forme et renouveau pour David Gordon Green, réalisateur au passé douteux (Délire express, Votre majesté, Baby-sitter malgré lui) qu’on n’attendait pas aux commandes d’un tel film (un renouveau entamé il est vrai par Prince Avalanche). Mais tout autant que son casting, c’est la thématique même du film qui tourne autour de la rédemption et du renouveau. Film noir à tendance neo-western coincé dans une Amérique rurale où le temps semble d’être arrêté (on n'est pas loin des ambiances délétère décrites dans certaines bouquins de R.J. Ellory comme Seul le silence ou Mauvaise étoile), Joe est une œuvre remplie de violence comme d’espoir, un de ces films glaçants mais poignants qui nous prend à la gorge grâce au réalisme de ses situations cruelles et qui laisse quelques cicatrices ouvertes bien après que les lumières de la salle se soient rallumées.
Bien que peu surprenant (on avance toujours en terrain connu et on n’est jamais vraiment surpris par le déroulement de l’histoire), le script de Joe arrive pourtant à nous accrocher, voire même à nous hypnotiser, le destin de ces deux trajectoires brisées et de ces figures aux repères éclatés ayant tôt fait de nous attraper pour ne plus jamais vraiment nous lâcher. De la trempe de ces œuvres qui peuvent vous saper le moral, Joe possède malgré tout un certain positivisme. On sait très vite que malgré la noirceur et le côté désespéré qui émanent de l’ensemble, le récit se dirige vers un renouveau couru d’avance. L’atmosphère délivrée par Joe emballe et laisse une trace indélébile dans le cœur. Par les temps qui courent, c’est plutôt une belle prouesse.