It Follows
États-Unis, 2014
De David Robert Mitchell
Scénario : David Robert Mitchell
Durée : 1h34
Sortie : 04/02/2015
Pour Jay, 19 ans, l'arrivée de l'automne annonçait une saison d'école, de garçons et de weekends au bord du lac. Mais après une expérience sexuelle apparemment anodine, elle se retrouve confrontée à d'étranges visions et l'inextricable impression que quelqu'un, ou quelque chose, la suit. Face à cette malédiction, Jay et ses amis doivent trouver une échappatoire aux horreurs qui ne semblent jamais loin derrière.
I WALKED WITH A ZOMBIE
It Follows, nouveau long métrage de l'Américain David Robert Mitchell (The Myth of the American Sleepover) s'ouvre comme une parodie de film d'horreur: une jeune fille à forte poitrine et tenue légère s'enfuit dans la rue en hurlant. Mitchell prend pourtant le genre au sérieux et son nouveau long métrage n'est pas une fausse-suite à spleen de son premier film où l'horreur serait un prétexte laissé hors champ. Un plan glaçant de cadavre disloqué donne le ton. "It" follows et ça ne semble pas paisible du tout.
On reconnait vite l'amère douceur du premier long métrage de l'Américain: ses jeunes héros ont beau n'avoir que 21 ans, ils sont déjà gagnés par la mélancolie et regrettent une enfance où tout était possible. Mitchell les regarde avec une grande délicatesse: délicatesse d'un plan sur les ongles vernis de l'héroïne, délicatesse d'un autre plan où l'on dispose quelques brindilles d'herbe sur la peau. L'horreur a ses codes, Mitchell ne se sent pas forcé de les briser. Sa personnalité suffit à rendre It Follows parfaitement singulier. Par d'amples panoramiques dont les mouvements sont stoppés par des travellings précis, la mise en scène est pensée et sait ce qu'elle cherche. Et ce que les zombies guettent. Toutes les légendes urbaines jouent sur la culpabilité liée au sexe. En effet, l'angoisse sexuelle est au centre des enjeux de It Follows: dans la malédiction qui frappe les personnages et dans le rite de passage auquel on assiste. Les spectateurs paresseux n'y verront qu'une bobine d'horreur de plus, mais Mitchell comme les grands cinéastes du genre sait à quel point l'horreur altère le rapport au réel et ouvre des portes. C'est là qu'un autre film, celui de l'imaginaire, peut commencer.
Le parfum d'horreur 80's, la lumière déclinante, le décor un peu désolé de suburb crépusculaire, tout pousse à une gracieuse mélancolie dans It Follows. Il n'y a pourtant pas ici la relative torpeur qui régnait sur The Myth of the American Sleepover. It Follows est un film d'horreur efficace et généreux, qui sait installer de la tension quand il le faut. Mitchell, surtout, sait installer une atmosphère, son travail formel évoquant parfois celui du photographe Gregory Crewdson et ses magnifiques décors hantés. On se prend à rêver d'une adaptation de Black Hole par ce réalisateur-là, tandis que le fantôme de Tourneur plane en un clin d'oeil lorsqu'une menace invisible s'invite autour d'une piscine (au cours d'un dénouement qui, avouons-le, n'est pas nécessairement le fort du film). Mais ce récit d'adolescence disperse un sort enivrant, a un charme fou, et confirme que l'horreur actuelle la plus remarquable est à chercher dans les marges et la production indé. Ce It Follows est une vraie petite perle.
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It Follows est désormais disponible en dvd.