Insidious
États-Unis, 2011
De James Wan
Scénario : Leigh Whannell
Avec : Rose Byrne, Barbara Hershey, Lin Shaye, Patrick Wilson
Photo : David M. Brewer
Musique : Joseph Bishara
Durée : 1h42
Sortie : 15/06/2011
Josh, son épouse et leurs trois enfants vivent depuis peu dans leur nouvelle maison lorsque l'aîné tombe dans un coma inexpliqué. Étrangement, une succession de phénomènes paranormaux débute peu après. Un médium leur révèle alors que l'âme de leur fils se trouve quelque part entre la vie et la mort, dans la dimension astrale, et que les manifestations sont l'ouvre de forces maléfiques voulant s'emparer de son enveloppe corporelle. Pour le sauver, Josh va devoir lui aussi quitter son corps et s'aventurer dans l'au-delà...
ALONE IN THE DARK
Noire est la terreur. Il n'est rarement plus efficace dans le genre du film d'épouvante que le procédé qui consiste à faire suppurer le surnaturel dans le réel. Encore faut-il que cela soit crédible: loin des innombrables bouses-tiroirs à fantômes où en deux temps trois mouvements, la terreur est assénée comme une messe, Insidious, enfant illégitime d'Amityville dont il se réclame pendant les deux tiers, mais sans pesanteur, officie en un joli crescendo. Et s'il ne révolutionne pas le genre, le film sait malignement botter en touche avec quelques coups bien sentis. On passera sur le cast de premier plan, au registre un peu passe-moi le sel, pour s'attarder sur les créatures de l'ombre, toutes archétypales: la sorcière, les jumelles maudites, le croquemitaine, etc.. Cette galerie de monstres, déjà vue ici et là, apporte un corps qui ne prend vraiment forme qu'avec le démon. Mais c'est surtout le personnage du médium (le meilleur rôle du film) qui cristallise l'horreur dont on ne peut se départir: à des lieues des prêtres exorcistes ou des gitanes de service, cette mamie gâteau qui en a dans le slip lie l'ensemble en ouvrant la trappe qui relie les deux mondes. C'est alors que, gentille parabole sur la faible frontière cauchemar et réalité, le film n'en devient que plus perturbant grâce à une réalisation pensée qui mêle portes qui claquent, palette de couleurs mortuaires et véritables instants horrifiques, s'aventurant même, l'espace de quelques plans, sur les territoires minés de Lynch. Pourtant, comme les pantins grotesques du démon, Insidious n'est sûrement pas à prendre au sérieux pour se faire apprécier. Et s'il se laisse aller à quelques facilités, la peur qu'il inspire, une fois la nuit tombée, tient longuement en bouche.