Télévision: Inori
Japon, 2012
De Pedro González-Rubio
Scénario : Pedro González-Rubio
Photo : Pedro González-Rubio
Durée : 1h12
A Kannogawa, une petite commune de montagne au Japon, les lois de la nature ont transformé ce qui était auparavant une ville animée. Les jeunes générations étant parties pour de plus grandes villes, les quelques habitants qui restent se livrent à leurs activités quotidiennes en méditant sur leur histoire et sur les cycles de la vie.
POUSSIÈRES DU TEMPS
Né à Bruxelles de parents mexicains, Pedro Gonzalez-Rubio a vécu en Inde, étudié le cinéma à Londres, réalisé son premier long (Alamar) au Mexique avant de signer son nouveau long métrage, Inori, au Japon. Inori est produit par Naomi Kawase (lire notre entretien ici). Il y a quelque chose de géographiquement surprenant dans cette association, un long trait dessiné sur la carte entre le Japon de Kawase et le Mexique de Gonzalez-Rubio. Pourtant, la façon dont Gonzalez-Rubio mêle fiction et documentaire dans Alamar, la manière dont il contemple et intègre la nature à sa narration ou son regard sur la famille sont autant de points communs avec l'œuvre de la Japonaise. Pedro Gonzalez-Rubio ne devient pas kawasesque simplement parce qu'il filme un village au Japon (ou des plans qui semblent, certes, échappés du cinéma de Kawase, telles ces images de grands arbres au ralenti bousculés par le vent). Il y a aussi (et serait-on tenté de dire surtout) cette réflexion sur le temps. Le temps raconté par les souvenirs des personnages, le temps arrêté dans ce village d'une autre époque, le temps qui avance pourtant puisque la vie poursuit son cours et que la nature est plus forte que tout, région peuplée ou non. Les choix de mise en scène radicaux de Pedro Gonzalez-Rubio rappellent parfois le travail du vidéaste chilien Gianfranco Foschino. Foschino filme ce qui ressemble à des natures mortes, une image d'une rue, de toits, qui semble fixe. Puis un personnage apparaît, un chat à une fenêtre, une porte s'ouvre, et ce décor inanimé prend vie, une vie minuscule, apparition de fourmi, mais une vie.
La contemplation sensible de Pedro Gonzalez-Rubio a ce goût du détail, un petit vertige qui nait de la rencontre entre une nature luxuriante, immense, et les petits corps fragiles qui la traversent. Inori est d'une grande beauté, pas seulement par ses grandes qualités plastiques mais aussi par ce qu'il raconte, par l'attention portée aux gens et au monde. Le film a reçu, à Locarno, le Léopard d'or dans la sélection Cinéastes du présent. Petite splendeur, Inori témoigne du pas de géant effectué par le réalisateur depuis son attachant mais plus modeste Alamar.
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Inori est diffusé cette nuit sur Arte à 00h15 sous le titre Prières.