In Memoria di me
Italie, 2007
De Saverio Costanzo
Avec : Marco Baliani, Andre Hennicke, Christo Jivkov, Fausto Russo Alesi, Filippo Timi
Durée : 1h58
Sortie : 16/04/2008
Andréa est intelligent, séduisant et confus. Il décide alors d’entrer dans un novicat afin de tester sa foi et dans l’espoir de trouver les réponses aux questions qu’il se pose.
AU DELÀ DU SILENCE
Changement de décor pour Saverio Costanzo après Private, grand prix du festival de Locarno en 2004, qui traitait du conflit palestino-israélien. Le réalisateur est cette fois-ci à la maison, en Italie, mais poursuit toujours le même chemin alors engagé, à savoir la liberté de choix. Il opte avec In Memorio di me pour la difficulté d’une quête intérieure. Le temps nécessaire pour tester sa foi, à savoir regarder en soi, apprendre à s’oublier, à obéir aveuglément et laisser la place à Dieu pour ne vivre plus que par et pour lui. C’est pour savoir s’il est capable d’une telle abnégation qu’Andréa entreprend ce voyage en lui-même. Il se trouve entouré d’autres hommes mais ne s’est jamais senti aussi seul. Hormis pendant les réunions de travail personne ne se parle et au cours des repas, la musique distrait d’éventuelles conversations. Tout se passe donc à travers des jeux de regards et les pensées d’Andréa ne quittent jamais sa tête, n’ayant aucune opportunité d’être exprimées. Deux autres séminaristes vont cependant émerger du lot et chacun à sa façon va aider Andréa à y voir plus clair.
In Memoria di me est un film qui prend son temps. Celui de suivre Andréa dans sa crise spirituelle. Les événements sont donc limités et les dialogues rares. Saverio Costanzo commet toutefois l’erreur d’abuser de musique afin de couvrir ces longues plages de silence qui pourraient selon lui perturber le spectateur. Il devrait avoir plus de foi en celui-ci et savoir que le silence permet une perception différente de celle imposée par la musique, d’autant plus quand elle représente plus une agression comme c’est le cas dans le film. La caméra est austère, filmant l’immense couloir où se trouvent les cellules des séminaristes dans une lumière froide et naturelle; les seules traces de vie extérieure étant les cargos qui croisent sur la lagune devant le monastère. La caméra, tout comme les personnages, ne dévoile rien, elle montre la surface et le réalisateur n’a pas l’intention de donner des explications. Celles-ci se situent à un autre niveau. Christo Jivkov a la lourde tâche de faire passer toutes ses émotions sur son visage et celui-ci est parfois si fermé qu’il est difficile d’y lire quoi que ce soit, son tourment intérieur étant bien gardé. Bien gardée également la clé de la surprenante fin que rien dans le déroulement de l’histoire ne laissait présager. Les voies du Seigneur sont impénétrables il est donc respecté que celles de ce film le soient aussi.