Moi, Olga

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Moi, Olga
Já, Olga Hepnarová
République tchèque, 2016
De Petr Kazda, Tomas Weinreb
Scénario : Petr Kazda, Tomas Weinreb
Durée : 1h46
Sortie : 06/07/2016
Note FilmDeCulte : ***---
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Olga est solitaire. Homosexuelle dans la Tchécoslovaquie des années 1970, elle quitte sa famille rigide et glaciale mais ne trouve pas sa place dans une société qui la rejette. À 22 ans, elle décide de se venger.

KAMIKAZE GIRL

Moi, Olga, c'est en quelque sorte deux films en un. Ce qui n'est pas banal pour un film pourtant inspiré d'une histoire vraie. L’héroïne éponyme fut en effet la jeune protagoniste d'un violent fait divers dans la république Tchèque encore soviétique des années 70. Mais Olga Hepnarovà, c'est surtout un sacré personnage de cinéma, une garçonne têtue et taiseuse, les épaules voûtées et la clope au bec, fonçant bille en tête vers son destin sans laisser personne lui dire quoi faire. Olga est un boulet de canon, elle couche avec des filles à la chaîne, elle traverse les scènes et sa vie l'insulte à la bouche, sans s’arrêter ni s'expliquer... au point de parfois ressembler moins à un être humain naturellement nuancé qu'à une allégorie de la rébellion adolescente. C'est d'ailleurs la direction que paraît prendre la première moitié du film (ou plutôt le premier des deux films qui le composent, pour ainsi dire).

Olga est étrangement absente, pas vraiment aimable et pourtant franchement attachante. A l’intérieur de ce portrait de jeune femme, il y a effectivement à l’œuvre une série de légers décalages, discrets mais particulièrement bien vus (preuve d'une certaine finesse d'écriture). Il est par exemple difficile de dire avec certitude quand l'histoire du film se déroule. Si les costumes rappellent effectivement les années 70, plusieurs scènes témoignent d'une libération sexuelle qui même aujourd'hui surprendrait. Les faits sont réels, et pourtant il règne sur l'histoire une certaine étrangeté, accentuée à la fois par le noir et blanc et par un humour sec (on y trinque aux tortures que l'on a subies).

Le réalisateur fait par ailleurs un usage particulièrement malin et élégant des ellipses, refusant avec bonheur toute psychologie pour expliquer le parcours de son personnage. Un parti prix périlleux, et excitant...jusqu'à un changement de cap brutal. Il est assez rare de voir un film changer presque du tout au tout en cours de route : dans une ultime pirouette, Moi, Olga change de registre et remplace sa sobre énergie par une emphase philosophique qu'on n'avait pas anticipée. Or, le film modifie ainsi radicalement le regard que l'on porte sur sa protagoniste. Devenue victime malade, celle-ci perd alors l'éclat que lui donnaient ses habits d’héroïne. En cherchant finalement des explications (biographiques, psychologiques, sociales), le scénario finit par trop en dire, et à s'alourdir. Dommage car malgré tout, Olga reste une fille trop cool pour qu'on lui trouve des excuses. Son jusqu'au boutisme punk n'en a pas besoin. C'est bien ça que l'on préfère retenir d'elle.

par Gregory Coutaut

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