Etrange Festival: Hwayi, a Monster Boy
Hwa-i: Gwi-mul-eul Sam-kin A-i
Corée du Sud, 2014
De Joon-Hwan Jang
Durée : 2h06
Le jeune Hwayi, enlevé dès son plus jeune âge, est devenu l’enfant adoptif de ses cinq ravisseurs, de célèbres criminels, qui lui ont tous transmis une éducation spécifique. Pour ses quatorze ans, Hwayi fait une découverte qui va bouleverser sa vie…
LITTLE MONSTER
Au premier abord, il y a dans Hwayi Monster Boy une bizarrerie potentielle et réjouissante qui ne demande qu’à éclore. Deux pistes différentes du scénario de ce film noir laissent entrevoir en arrière-plan une étrangeté qu’on aimerait bien se prendre en pleine face. D’abord la piste fantastique sous-entendue par le titre (le jeune Hwayi croit régulièrement qu'une créature surnaturelle est à ses trousses). Plus inattendue, il y a aussi une singulière ambiguïté qui devrait naître de la cohabitation étroite de ce jeune garçon plutôt mignon et de cinq daddies flingueurs qui lui demandent d’ailleurs tous de l’appeler «papa ». Mais dans les deux cas, l’altérité est tuée dans l’œuf et s’essouffle rapidement.
Hwayi Monster Boy se débarrasse rapidement de ces idées-là pour mieux remplir le cahier des charges classique du polar coréen. La bonne nouvelle, c’est que sur ce terrain-là, le film s’en sort plutôt bien, et l’ensemble réunit des qualités cinématographiques qu’on serait tenté de qualifier de « typiquement coréennes », de celles qui font les thrillers à vengeance les plus noirs et secs. A savoir : une aisance à varier les rythmes et les registres, à filmer des scènes d’action de manière plus percutante que dans tout autre pays (les coups donnés en Corée ont l’air de faire beaucoup plus mal qu’ailleurs, vous avez remarqué ?) et un mauvais esprit parfois jubilatoire. Dommage que le film souffre également d’un défaut, hélas lui aussi récurrent dans le genre : le manque de limpidité. A force de multiplier les personnages secondaires, les points de vue et les rebondissements, Hwayi Monster Boy perd un peu de sa nervosité en cours de route.