Lost River

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Lost River
États-Unis, 2014
De Ryan Gosling
Avec : Christina Hendricks
Photo : Benoît Debie
Durée : 1h35
Sortie : 08/04/2015
Note FilmDeCulte : **----
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Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.

Lost River a été remonté depuis sa version présentée lors du Festival de Cannes

LA RIVIERE SANS RETOUR

Thierry Frémaux a introduit la séance de Lost River, premier long métrage de la star canadienne Ryan Gosling, en expliquant à quel point les premiers films d'acteurs devenus cinéastes étaient des oeuvres personnelles (citant les exemples... de Charles Laughton et Charlie Chaplin). On aurait aimé pouvoir classer Lost River aussi haut, mais en matière de "film d'acteur", le long métrage de Gosling correspond davantage à ce que regrettait Catherine Deneuve au sujet de la vague de films réalisés ces dernières années: des oeuvres bien léchées, avec de beaux moyens techniques, mais rien de plus. L'équipe de Lost River est une dream team, du monteur Valdis Oskarsdottir (Eternal Sunshine of the Spotless Mind) à Johnny Jewel (qui a collaboré aux musiques additionnelles de Drive) en passant évidemment par l'immense Benoit Debie qui confirme sa place parmi les meilleurs directeurs de la photographie au monde. Il est toujours injuste d'attribuer au chef opérateur chevronné plus qu'au réalisateur débutant les mérites formels d'un film. Mais ce qu'il y a de splendide visuellement dans Lost River, c'est le travail poétique et psychédélique sur les lumières et les couleurs que Debie avait déjà entamé sur des films tels que Enter the Void ou Spring Breakers.

La place de Gosling dans tout cela ? On ne le sait guère. Lost River est aussi rutilant que des néons de casinos mais il ne semble jamais mis en scène. La narration impressionniste tourne peu à peu au bazar totalement décousu et sans progression. La galerie de freaks flamboyants tombe dans la complaisance pittoresque et grimaçante. Surtout: Lost River fait tout pour accumuler bizarrerie sur bizarrerie mais rien n'est jamais étrange. Mille idées poétiques pourtant, avec ce décor incandescent de ville ruinée, ce monde mystérieux recouvert par l'eau, ces sarcophages fluos et ce cabaret macabre dans lequel pourrait jouer Dead Man's Bones (le groupe fondé par Gosling).

Mais Lost River s'épuise et apparaît de plus en plus creux. Les gommettes curieuses sont collées ici ou là pour faire illusion: Barbara Steele est invitée mais elle ne sert que d'épouvantail à balancer au feu. Son utilisation est à l'image du film: une promesse d'étrange, d'onirisme, de romanesque. Mais, à l'image des croûtes de James Franco, Gosling semble trop préoccupé par l'idée d'être un réalisateur autre à tout prix. Hélas, de l'altérité Lost River n'a que les tics. Ceux d'un élève immature singeant sans adresse Nicolas Winding Refn. La déception est à peu près aussi grosse que les promesses de ce film raté.

par Nicolas Bardot

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