Heli

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Heli
Mexique, 2013
De Amat Escalante
Scénario : Amat Escalante
Durée : 1h45
Sortie : 09/04/2014
Note FilmDeCulte : *****-
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La vie des habitants de Guanajuato, au Mexique. Heli est confronté à la corruption de la police, aux trafics de drogues, à l'exploitation de la prostitution, à l'amour, à la vengeance, dans sa quête pour retrouver son père qui a mystérieusement disparu...

VOUS ALLEZ CONNAITRE L'ENFER

Los Bastardos, précédent film du Mexicain Amat Escalante, était un film en ligne droite, un film cocotte-minute où l'on attendait le moment de l'explosion, où l'on avait le sentiment que les personnages ne pouvait agir autrement. C'est ce qu'il y a d'encore plus glaçant dans son nouveau long métrage, Heli: les malheurs semblent s'abattre de façon aléatoire sur une famille innocente. La structure plus labyrinthique de Heli permet au film de mieux respirer, d'être un peu moins programmatique. Le décor est voisin: une misère sociale où règne une violence omniprésente (les journaux télévisés avec visions de barbarie, les pendus accrochés au pont d'à côté).

La violence est terrible dans Heli, et on ne manquera pas d'en parler. La moindre honnêteté du film est de ne pas jeter un voile pudique sur une violence réelle, sous prétexte que la cruauté ne devrait pas apparaître à l'écran. C'est un commentaire qu'on entend déjà beaucoup sur une "scène-choc" du film (serait-elle une scène choc dans un film tourné il y a 30 ans ? dans un film vu ailleurs qu'à Cannes où l'on flaire le choc comme un requin le sang ?). Escalante parle d'une violence insensée et choisit de la montrer. Mais la violence dont il parle avant tout est plus insidieuse encore.

Heli n'est pas qu'un film sur un système mafieux, sur des malheureux victimes de violence (ne lancez pas le générique des Dossiers de l'écran). On parle ici de la terreur ressentie par des personnages traumatisés: comment vivre avec la peur. Un sentiment qui rappelle l'impressionnant Daniel y Ana de son compatriote Michel Franco, qui racontait la reconstruction impossible d'un frère et d'une soeur après une expérience traumatisante. Heli n'est pas qu'un film factuel sur des éclats de violence (ce qu'il est aussi, porté par une mise en scène puissante), il établit un prolongement psychologique de la violence. Bruno Dumont disait qu'il était nécessaire de faire ressentir l'eau froide pour ensuite mieux apprécier l'eau chaude. Heli fait un constat terrible mais ne s'y limite pas, sa terreur sourde est peut-être encore plus impressionnante.

par Nicolas Bardot

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