Happy Few

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Happy Few
France, 2010
De Antony Cordier
Scénario : Antony Cordier, Julie Peyr
Avec : Elodie Bouchez, Nicolas Duvauchelle, Marina Foïs, Roschdy Zem
Photo : Nicolas Gaurin
Musique : Frédéric Verrières
Durée : 1h46
Sortie : 15/09/2010
Note FilmDeCulte : **----
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Rachel travaille dans une boutique de bijoux. Lorsqu’elle rencontre Vincent à l’atelier, elle est séduite par son franc-parler et décide d’organiser un dîner avec leurs conjoints respectifs, Franck et Teri. Les deux couples ont à peine le temps de devenir amis qu’ils tombent presque aussitôt amoureux. Sans l’avoir cherché, spontanément, les nouveaux amants deviennent inséparables. Ils avancent à l’aveugle dans leur passion, sans règles et sans mensonges. Ils gardent le secret devant les enfants et tout continue, presque comme avant. Mais ce qui les lie les uns aux autres est tellement fort que la confusion s’installe. Les sentiments s’emmêlent et les questions sont de plus en plus cruelles.

EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ?

Il y a 5 ans, on découvrait à la Quinzaine des réalisateurs un jeune cinéaste, Antony Cordier, au premier film prometteur, Douches froides, récit initiatique et adolescent où la lutte des classes se confondait avec celle des cœurs et celle du tatami. Les héros de son nouveau film sont plus vieux cette fois, et ont maintenant trente ou quarante ans - mais pas beaucoup plus de certitudes. Rachel (Foïs) rencontre Vincent (Duvauchelle). Ils décident d'organiser un dîner avec leurs conjoints respectifs, Franck (Zem) et Teri (Bouchez). Quelques instants après leur rencontre, Franck et Teri échangent un baiser. En un souffle d'ellipse, Rachel et Vincent font de même. Happy Few ne s'embarrasse pas de psychologie, ses personnages sont alors simplement portés par une pulsion, sans plus d'explication, quelque chose qui rappelle le cinéma physique, à fleur de peau, de Douches froides. Cartes sur table, on ne joue pas non plus la dissimulation, l'attente et le ciel mon mari: chacun est au courant de ce que l'autre fait.

Difficile de croire alors, par la suite, aux états d'âme de ces personnages, de rendre crédibles et, ironiquement, de donner chair à ces adultes qui agissent comme des ados - ce qui marchait dans le précédent film du cinéaste échoue ici. La dimension érotique de Douches froides frôle ici la pose décorative (les corps nus couverts de farine marchant vers le lac), la surenchère d'un script dans l'impasse flirte avec le ridicule (Foïs retrouvant Bouchez dans son lit, duo baiser & palabres en sus) et les étreintes s'enchainent, sans plus d'inspiration. Un trouble, parfois, traverse le film, lorsqu'après avoir fait l'amour d'une façon moins douce que d'habitude, Rachel se prend la tête entre les mains, on imagine qu'elle pleure ou rumine, mais c'est finalement un demi-sourire qui éclaire son visage. De même, la dernière partie consacrée au manque, à une douleur qui ne se dit pas, rappelant la réussite de Douches froides et la tempête sous le crâne de son jeune héros, montre de belles choses. Mais à ce stade, l'écriture un peu légère, plus que bancale, a déjà été fatale au film, schizophrénie que reflète la maladroite accroche de l'affiche (Aimez qui vous voulez), alors qu'on ne nage pas franchement en plein hédonisme.

par Nicolas Bardot

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