Hannah
Italie, 2016
De Andrea Pallaoro
Avec : Charlotte Rampling
Durée : 1h35
Sortie : 24/01/2018
Hannah dresse le portrait intime d'une femme dont la vie bascule lorsqu'elle doit survivre, entre réalité et déni, à l'arrestation de son mari.
SEULE AU MONDE
Dès les premiers instants de son long métrage, l’Italien Andrea Pallaoro nous questionne sur la nature de ce que l’on voit en ne nous fournissant pas toutes les informations. On est déstabilisé, on regarde autrement, avec plus d’attention. C’est l’un des succès de Hannah, second long métrage du cinéaste, qui ne donne ni clefs ni pantoufles au spectateur face à ce personnage mystérieux, qui semble indésirable - une paria au lourd secret. Pallaoro donne à voir la routine solitaire de cette femme, tellement vulnérable qu’elle pourrait se briser en deux devant nos yeux.
La mise en scène, épurée, se concentre sur Hannah, l’isole dans le cadre, et ce choix antispectaculaire et assez âpre installe une tension. L’écriture de Pallaoro fait la part belle au non-dit, pas un non-dit transformé en sur-dit, ni un non-dit qui ne sert qu’à jouer la montre. Il nous garde en alerte, attentif au sort d’Hannah, ses mouvements, ses émotions. Il y a ici un sens remarquable du pathétique autour de ce personnage complexe, interprété de manière extraordinaire par Charlotte Rampling qui livre avec charisme et subtilité l’une de ses meilleures prestations. Hannah parle de déni, de la fiction qu’il crée – et la façon dont il se crashe contre le réel, comme une baleine échouée sur la plage. Ce portrait est d'autant plus fort qu'il ne cherche jamais la séduction facile.