Habemus Papam
Italie, 2011
De Nanni Moretti
Scénario : Nanni Moretti
Avec : Nanni Moretti, Michel Piccoli
Durée : 1h30
Sortie : 07/09/2011
Après la mort du Pape, le Conclave se réunit afin d’élire son successeur. Plusieurs votes sont nécessaires avant que ne s’élève la fumée blanche. Enfin, un cardinal est élu ! Mais les fidèles massés sur la place Saint-Pierre attendent en vain l’apparition au balcon du nouveau souverain pontife. Ce dernier ne semble pas prêt à supporter le poids d’une telle responsabilité. Angoisse ? Dépression ? Peur de ne pas se sentir à la hauteur ? Le monde entier est bientôt en proie à l’inquiétude tandis qu’au Vatican, on cherche des solutions pour surmonter la crise…
Alors qu’on pensait assister, de la part de l’auteur de La Chambre du fils, à un drame pesant (le thème, le titre...), Nanni Moretti choisit d’orienter son récit vers la farce, décrivant le cirque du pouvoir à la manière de La Conquête mais avec infiniment plus de talent et surtout de pertinence. Comment conserver son sérieux, en effet, devant ces cardinaux qui prient pour ne pas être élus, qui assistent à la psychanalyse du nouveau Pape, qui se gavent de médicaments ?… Finalement très respectueux, bien plus qu’il ne l’a été vis-à-vis de Berlusconi dans Le Caïman, son précédent film, Moretti retrouve par moment l'enthousiasmante liberté de Journal intime – probablement son plus beau film, en tout cas son plus réjouissant -, le temps de quelques scènes où les cardinaux dansent et tapent des mains sur le rythme d'une guitare, ou jouent au Volley au ralenti... Ainsi, par moment, Moretti touche au sublime, aidé il est vrai par l'incroyable, l'hallucinante, l'émouvante, (aucun superlatif ne conviendra) performance d'un Michel Piccoli au sommet de son art, parfaitement dirigé dans son rôle de Pape fraichement élu et en proie au doute. A titre d’exemple, on retiendra la scène d'élection bouleversante, long plan sur l'acteur tandis qu'un cardinal énumère les résultats des votes... Poétique, drôle, le film perd malheureusement de sa superbe lorsqu'il s'évade dans des scènes sans doute inutiles (celles à l’extérieur du Vatican), ou intègre des personnages peu intéressants (le journaliste) pour les dégager aussitôt, comme si le réalisateur ne savait pas réellement quoi en faire... Dommage, Moretti n’ai pu faire autrement que repartir bredouille du dernier Festival de Cannes.