Goat

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Goat
États-Unis, 2016
De Andrew Neel
Scénario : David Gordon Green, Andrew Neel, Mike Roberts
Avec : James Franco, Nick Jonas, Ben Schnetzer
Durée : 1h42
Note FilmDeCulte : **----
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Après une terrible agression dont il a été victime pendant l'été, Brad Land, âgé de dix-neuf ans, entre à l'université dans l'espoir de reprendre une vie normale. Brett, son frère aîné, est déjà, depuis plusieurs années, sur ce même campus où il appartient à un groupe d'étudiants qui semble offrir aux membres de leur confrérie protection, popularité et amitiés indéfectibles. Brad veut à tout prix faire partie de cette communauté malgré les réserves émises par son frère. S'ensuivent des séances de bizutage de plus en plus cruelles et de plus en plus dégradantes, qui doivent permettre à Brad de devenir enfin un homme, un vrai. Mais ces jeux initiatiques brutaux ne seront pas sans conséquences pour lui et pour ses camarades…

LA FABRIQUE DES GARCONS

Régler son compte à la « fabrique des garçons » (cette façon dont on éduque les garçons de manière à perpétuer l’agressivité et la compétitivité), voilà l’ambitieux programme du documentariste américain Andrew Neel avec son premier film de fiction Goat. Goat est l’adaptation des mémoires écrites par un ancien étudiant américain, devenu souffre-douleur de sa fraternité. Présenté à Sundance quelques semaines avant la Berlinale, le film jouit déjà d’un double buzz. Tout d’abord celui d’une auréole queer, grâce à la présence des icônes Christine Vachon et James Franco au poste des producteurs. Il n’y a pourtant rien de concrètement gay-friendly dans Goat. Aucun personnage n’est autre chose qu’hétéro (même pas l’ombre d’une hésitation), et si le bizutage dans les fraternités est devenu un leitmotiv du porno gay mainstream américain, on ne trouve ici aucun début d’érotisme. Tout ceci n’est évidemment pas un défaut, mais plutôt un malentendu à dissiper.

L’autre buzz concernait la violence du film, que les échos annonçaient éprouvante comme rarement. C’est clairement exagéré. Sans être anodines, les scènes de comportement odieux, dignes de séances de tortures, ne traumatiseront que ceux qui n’ont jamais vu le moindre film sur le sujet. Là encore, ce n’est pas vraiment un défaut en soi. On ne peut pas dire avec certitude que de la violence supplémentaire aurait apporté quelque chose au film. Ce qui manque à Goat en revanche, c’est un point de vue un peu moins convenu. Si le film déçoit, ce n’est pas par une supposée provocation gratuite (même si la mise en scène manque parfois de subtilité, en rajoutant dans l’outrance) mais parce qu’il enfonce un peu des portes ouvertes, et qu’il ne se concentre que sur une partie du problème.

La question de la violence dans la fraternité est sans doute représentative de celle de la société américaine en générale, mais le film n’élabore jamais sur cette théorie pourtant passionnante. Goat ne montre rien d’extérieur (des filles, des adultes, d’autres fraternités plus normales) et ne met donc rien en perspective, comme s’il fonctionnait en vase clos. Que deviennent ces gaillards débiloïdes une fois sortis de l’université ? La question de la transmission de la violence, souvent traitée par le cinéma suédois (voir à la Berlinale 6A), tombe ici à l’eau, hormis lors d’une trop courte scène avec James Franco.. Le personnage de Nick Jonas est d’ailleurs symptomatique de l’impuissance du film. Moins que le héros, dont on ne comprend jamais pourquoi il ne se barre pas en courant (la piste de son masochisme aurait été intéressante à explorer), c’est ce frère beau gosse, moins beauf que les autres, qui a le beau rôle : c’est lui qui prend conscience du problème et le règle. A son image (et à l’image du jeu de Jonas) le film demeure trop un peu trop lisse.

par Gregory Coutaut

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