Ghost in the Shell 2: Innocence

Ghost in the Shell 2: Innocence
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Ghost in the Shell 2: Innocence
Innocence: Kôkaku kidôtai
Japon, 2004
De Mamoru Oshii
Scénario : Masamune Shirow
Avec : Atsuko Tanaka, Kôichi Yamadera, Tamio Ôki, Akio Ôtsuka
Durée : 2h10
Sortie : 01/12/2004
Note FilmDeCulte : *****-
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Des cyborgs de compagnie massacrent inexplicablement leurs maîtres avant de se mettre eux-mêmes à mort. Deux policiers de la section 9 sont envoyés pour mener l’enquête. Celle-ci s'avère plus difficile que prévue.

I, ROBOT

Œuvre complexe et ardue, la suite de Ghost in the Shell n’usurpe pas la réputation de Mamoru Oshii, taillée à coups d'un silex narratif aux atours mystiques. Plutôt que de se contenter d’une intrigue policière, le film se trouve être une quête de soi, de sa nature, de son vivant et de sa réalité. La recherche d’une Vérité floue, par un policier cyborg et parano. En reprenant deux personnages secondaires du premier opus et faisant du Major une arlésienne cybernétique, Oshii recrée une nouvelle intrigue miroir, prétexte à de nouvelles digressions d'un ordre précieux au cinéma. C'est plus les atermoiements de la Vérité que la Vérité elle-même qui semble intéresser le réalisateur. Au fil de la progression de l'investigation, l’histoire perd ses liens avec une réalité tangible, pour gagner dans un tourbillon cognitif une complexité symbolique d’une force rarement atteinte au cinéma. Oshii construit son film sur un fil linéaire au départ simple, mais ramifié indéfiniment en boucles, récurrences et itérations complexes jusqu’à la révélation finale – finalement simple et claire. Jouant là où la saga Matrix - films aux incessantes œillades vers les œuvres de Oshii et dont on retrouve des résonances dans l'animatrix Second Renaissance – n'a jamais osé aller, Innocence ne se contente pas du simple, de l'acquis et du supposé. Il cherche à créer sa propre philosophie, inspirée par les grands mythes du monde, occidental ou oriental, chrétien ou bouddhiste.

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En outre, Innocence ne se contente pas d'être une œuvre au bel esprit, elle sait se parer des – probablement – plus beaux atours jamais couchés sur pellicule. Plastiquement, le film est parfait. D'une mise en scène inventive et d'une incroyable recherche esthétique, il offre une panoplie de purs instants de cinéma. Mouvements d'un ballon dans le ciel, rubans emportés par le vent, portes finement sculptées. Mondes en couleurs, aux axes vertigineux, verticalité exacerbée, un gouffre de taille s'étend entre les pinceaux de Ghost in the Shell et la pixellisation effarante d'un Innocence. Seule la majorité des personnages vivants sont encore peints, le reste (décors, objets, véhicules) sortent des calculateurs modernes. Oshii et son équipe déploient leurs talents comme des arcs et ponts tendus entre les virtualités. Si l'on excepte la seule performance technique – dont on ne peut que louer la perfection, égalant dans son domaine les productions Pixar – la réalisation elle-même s'enrichit des contraintes techniques affranchies. Au point que l'on peut regretter son absence au palmarès cannois – où un prix de la mise en scène aurait été bienvenu.

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Pourtant doté d'une fin plus didactique que celle de son prédécesseur, Innocence gagne encore en opacité. Les personnages, auparavant sous-traités, deviennent ici plus complexes, impliqués dans une histoire aux relents structurels synonymes. Politique, policière et poétique, l'histoire joue avec sa linéarité, se parasite pour renaître; Oshii s'amuse avec l'idée d'un remake-suite pour mieux brouiller les pistes. Film gigogne et abstrait, l’œuvre souffre malgré tout de l’absence du Major, dont la disparition fait défaut à une identification au personnage principal. Difficile de se prendre d’affection pour Batou, l’androïde massif à la recherche des lignes des nouvelles frontières qui se dessinent devant lui. Son personnage qui se réclame d’une humanité intense se retrouvant parfois – souvent? – noyé dans la masse des révélations et des décors écrasants. Innocence est une œuvre difficile, exigeante, mais indéniablement belle et captivante, qui grave ses heures sur pellicule mais qui surtout possède une universalité et une profondeur rares. Similaire dans ses motifs à un Blueberry incompris – les deux films transcendent le concret de leur point de départ pour toucher le spirituel et le mystique –, le film marque par son pessimisme et son utilisation de valeurs philosophiques à l’opposé d’un manichéisme classique.

par Nicolas Plaire

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