Etrange Festival: Ghost Theatre

Etrange Festival: Ghost Theatre
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Ghost Theatre
Gekijourei
Japon, 2015
De Hideo Nakata
Avec : Haruka Shimazaki
Durée : 1h49
Note FilmDeCulte : ****--
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Après quelques déconvenues dans des productions de seconde zone, l’actrice débutante Sarah accepte un rôle dans une pièce de théâtre, mais sur scène, sa partenaire affiche de l’antipathie à son égard. Plus inquiétant, des évènements surnaturels se multiplient en coulisse...

YOU'RE MY DOLL, ROCK'N'ROLL

Double retour aux sources pour Hideo Nakata (lire notre entretien) : le réalisateur revient au genre qui lui réussit le mieux (l'horreur) après un détour en demi-teinte par la science-fiction (Monsterz). Il se repenche également sur ses débuts puisque Ghost Theatre est inspiré d'un de ses premiers films, The Ghost Actress, réalisé avant le triomphe de Ring. Il y a une logique assez limpide à voir un amoureux des fantômes hiératiques prendre ici comme terrible héroïne... un mannequin en plastique au visage encore plus figé que celui de Sadako. Le pantin hanté de Ghost Theatre, qui semble échappé d'un portrait de Valérie Belin, joue sur la même inquiétante étrangeté que la fille abandonnée de Dark Water ou le triste spectre de Kaidan. Pourtant, et c'est probablement une première chez Nakata, Ghost Theatre est drôle. Lors d'un faux tournage de film d'horreur, le réalisateur fait de la figuration et c'est comme un clin d’œil : nous sommes ici pour nous amuser. L'actrice n'a même pas le temps de finir sa réplique qu'on lui balance une bâche à la figure. Ce n'est pas de l'ironie moqueuse, mais de l'humour bon enfant qui s'intègre très bien à ce film léger et au postulat abracadabrant.

Il y a en effet ici la modestie d'un épisode de Fais-moi peur, où les rivalités féminines tiennent plus des épisodes les plus doux de Princesse Sarah que des affres des garces merveilleuses de Showgirls. Le traitement et le ton sont assez old school, avec cette recréation sur scène d'une horreur gothique où Erzebeth Bathory est ressuscitée à grands coups d'orgues et de chandeliers. Ces séquences sur scène, où la troupe répète la pièce de théâtre, donnent souvent du fil à retordre au cinéaste dont la mise en scène est parfois un peu raide. De même, dans la première partie du film en tout cas, il y a un trouble fantastique autour du mannequin qui vient davantage de la bande sonore que des idées de mise en scène.

Il y a pourtant, formellement, de belles choses à voir dans Ghost Theatre. Le premier plan, extrêmement gonflé, donne l'impression d'avoir poussé la porte d'une salle de cinéma dont le film a déjà débuté. Vous savez qui est Nakata, vous savez à quoi ressemblent ses films : ne perdons pas de temps, semble nous dire ce début. Mais ce plan, à cette place précise, ne ressemble à rien dans sa filmo: son immédiateté et sa composition théâtrale rappellent certaines audaces de son compatriote Kiyoshi Kurosawa. Nakata poursuit le travail chromatique qu'il a entamé sur le mésestimé The Complex et son bel usage expressionniste (la première victime dans le théâtre dont le visage passe du vert au rouge au moment du trépas). On n'en dira pas trop sur le réjouissant développement du récit dans le dernier tiers du film, mais il y a un art du grotesque (au meilleur sens du terme) assez jubilatoire, porté par des maquillages très convaincants (le conte des filles momifiées semble venir d'une histoire horrible de Junji Ito). Lors d'un plan superbe et mélancolique, l'héroïne (Haruka Shimazaki, du groupe AKB48) est filmée dans sa chambre, dans un rayon de lumière, comme transformée elle aussi en un mannequin en plastique. Le film choisit davantage la voie du fun, à l'image de cette première séquence aux orages tonitruants ou de ce mannequin qui tombe sur ses victimes comme un diable dans un train fantôme.

par Nicolas Bardot

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