Frances Ha
États-Unis, 2012
De Noah Baumbach
Scénario : Noah Baumbach
Avec : Greta Gerwig
Durée : 1h26
Sortie : 03/07/2013
Frances vit à New York, mais elle n'a pas vraiment d'appartement. Frances est apprentie dans une compagnie de danse, mais elle n'est pas vraiment une danseuse. Frances se jette à corps perdu dans ses rêves, même lorsqu'ils sont impossibles...
CETTE FILLE-LA ELLE EST TERRIBLE
Vu de loin, la nouvelle comédie de Noah Baumbach (scénariste de Wes Anderson et réalisateurs des géniaux Les Berkman se séparent et Margot At The Wedding) avait l’air d'appartenir à un genre de comédie différent : celui , très codé, de la comédie new yorkaise. C'est-à-dire existentialiste, prolixe, et filmée en un noir et blanc arty. Mais Frances Ha dépasse ce sage cadre de conventions. Son atout principal étant tout simplement l’incroyable rouleau compresseur qui lui sert d’actrice. Baumbach retrouve avec bonheur Greta Gerwig, qu’il avait lui-même révélée il y a quelques années dans Greenberg où elle volait déjà la vedette à Ben Stiller. Et autant le dire, elle crève l’écran dans un rôle pas évident. Frances est épuisante, attachante, maladroite, bavarde, complètement à l’ouest. Greta est par contre toujours juste, nuancée, légère. L’hystérie hilarante du personnage pourrait faire craindre la caricature, mais Greta Gerwig la transcende grâce à une générosité et une énergie rares. Le montage ultra sec et l’enchainement staccato des séquences met clairement en valeur la variété de son jeu en même temps que la complexité grandissante de son personnage.
Frances danse, Frances se bat dans la rue, Frances tombe amoureuse et se casse la gueule devant tout le monde… la redite guette parfois. Le film a beau être tout court, son rythme souffre un peu de ce redoublement. Le tempo s’essouffle un instant et son héroïne avec, mais c’est au final un mal pour un bien car on voit alors comment Frances Ha trouve en fait naturellement sa place permis les réalisations de Baumbach. Il y a derrière l’humour une réelle volonté de montrer de manière humaine et attachante des personnages mentalement marginaux. Comme les héros de Greenberg et Margot at the Wedding, Frances semble au premier abord cliniquement folle, mais se révèle simplement pleine de névroses. Comme tout le monde, comme nous tous. Voilà ce que Baumbach nous dit. En déplaçant peu à peu son héroïne névrotique de la marge à la lumière, il donne à son film une nuance supplémentaire, émouvante et inattendue.