Festival de Gérardmer 2021 : Come True

Festival de Gérardmer 2021 : Come True
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Come True
Canada, 2020
De Anthony Scott Burns
Scénario : Anthony Scott Burns
Photo : Anthony Scott Burns
Musique : Anthony Scott Burns
Durée : 1h45
Note FilmDeCulte : *****-

Sarah, une lycéenne en crise, fait des cauchemars récurrents. Elle accepte alors de participer à une étude universitaire sur le sommeil qui lui permettra de trouver un lieu où dormir et subvenir à ses besoins. Espérant que ses mauvais rêves disparaissent, elle va devenir involontairement l’instrument d’une découverte terrifiante.

ONIRONAUTES

Deuxième long métrage d'Anthony Scott Burns qui écrit, réalise, éclaire, monte et co-compose également, Come True présente ainsi une véritable vision personnelle, singulière, une extraordinaire expérience dotée d'un univers propre et fort, parcouru d'une imagerie onirique et de visions d'horreur d'une beauté que l'on n'avait pas vu depuis la série Hannibal, en moins morbide et plus envoûtant, au même titre que son atmosphère qui se fait parfois aussi romantique, troquant alors soudain John Carpenter pour le Michael Mann des années 80. Pour parler comme quelqu'un en ferait le pitch, c'est un peu comme si Freddy 3 rencontrait le documentaire The Nightmare de Rodney Ascher avec l'ambiance de Drive (la BO est co-signée par Electric Youth). Un film d'horreur synthwave. Et qui ne livre pas toutes ses clés.

D'un postulat qui aurait pu tomber dans les écueils, Come True développe un récit plus exigeant et excitant au fur et à mesure qu'il progresse dans le menaçant labyrinthe du subconscient. Berçant le spectateur jusque dans la trance troublante des bras de Morphée pour mieux se focaliser sur une intensité constante, et non des jump scares, le film suit une étude sur le sommeil mais arbore une esthétique de rêve lucide jusque dans les teintes bleutées des scènes qui n'illustrent pas des rêves. Comme pour l'héroïne dont le parcours est ponctuée de ces brefs aperçus cauchemardesques qui invoquent furtivement une réalité au-delà de l'imagination, le film reste hanté par ces visuels dérangeants qui épousent le point de vue du protagoniste et nous emmènent par un travelling avant continu, semblablement inarrêtable, loin de toute sécurité et toujours plus près de l'inconnu. Au-delà de la direction artistique à la fois rudimentaire et déconcertante de ces séquences, c'est la sensation d'inéluctabilité qui glace le sang.

En effet, les personnages paraissent aller droit vers la collision avec la source de leurs cauchemars, une source visiblement commune car elle implique les mêmes figures indistinctes et menaçantes que disent voir les gens souffrant de paralysie du sommeil. Ce n'est pas un hasard si les cartons qui séparent les différentes parties du film ont pour titres les quatre archétypes jungiens. L'inconscient collectif servirait alors d'espace à l'action du film, caractérisant la peur des personnages comme une peur universelle et ces figures comme le mal en nous que l'on craint de voir prendre le contrôle. La toute fin du film divisera à coup sûr, provoquera les rejets mais il s'agit avant tout d'une invitation à réfléchir davantage à ce que l'on vient de voir, à réinterpréter le film à la lumière de cette conclusion. On sort de Come True en ayant hâte d'y songer et peur d'en cauchemarder. Une chose est sûre, il va nous hanter longtemps.

par Robert Hospyan

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