Festival de Cannes 2016 : notre dossier
La 69e édition du Festival de Cannes aura lieu du 11 au 22 mai. Le festival sera à suivre comme chaque année en direct sur FilmDeCulte. Gros plan sur la programmation dans notre dossier spécial !
COMPETITION
21 films font partie de la compétition 2016 du Festival de Cannes. Deux divines surprises se sont glissées dans la sélection de cette année: Toni Erdmann de Maren Ade et Aquarius de Kleber Mendonça Filho. L'Allemande Maren Ade, qui figure dans notre dossier des 20 réalisatrices qui comptent, s'est révélée avec l'excellent Everyone Else. Ce film avait frôlé l'Ours d'or à Berlin en 2009, en obtenant finalement le Grand Prix ainsi que le prix d'interprétation. Toni Erdmann, que la cinéaste prépare depuis de longues années, raconte l'histoire d'un père qui retrouve sa fille (incarnée par Sandra Hüller, vue dans Requiem et L'Amour et rien d'autre) et qui, pensant qu'elle a perdu le sens de l'humour, va lui faire... des farces. Remarqué avec Les Bruits de Recife qui témoignait d'une vraie personnalité de cinéaste, le Brésilien Kleber Mendonça Filho propose avec Aquarius l'histoire d'une mère veuve à la retraite et qui va devoir se battre pour ne pas être délogée de chez elle. Passé par Un Certain Regard avec La Mort de Dante Lazarescu et Aurora, le Roumain Cristi Puiu saute dans le grand bain pour la première fois avec Sieranevada. Ce film fait le récit d'un repas de famille qui ne sera pas de tout repos. Alain Guiraudie, dont la cote a explosé après la sélection de L'Inconnu du lac à Un Certain Regard, fait sa première apparition en compétition avec Rester vertical. Ce film raconte l'histoire d'un homme qui, suite au départ de sa femme, se retrouve avec leur bébé sur les bras. On fait confiance au cinéaste pour que le résultat soit plus déroutant que ce pitch.
Guiraudie fait partie du (trop ?) large contingent français qui, comme ces dernières années, occupe à lui seul au moins un quart de la sélection. Mais le line-up 2016 est alléchant. Outre le cinéaste aveyronnais, Bruno Dumont signe avec Ma Loute une comédie iconoclaste et cannibale se déroulant dans le nord de la France au début du XXe siècle. A l'affiche: Fabrice Luchini, Juliette Binoche et Valeria Bruni Tedeschi. Olivier Assayas, qui une fois n'est pas coutume nous avait charmés avec Sils Maria, retrouve Kristen Stewart dans Personal Shopper. Stewart incarne la personal shopper en question et celle-ci a pour particularité de pouvoir... communiquer avec les fantômes. On a un temps pensé à une blague, mais Nicole Garcia fera son retour en compétition avec Mal de pierres, adaptation du roman de l'Italienne Milena Agus. Marion Cotillard y incarne une bourgeoise qui rêve d'une passion absolue. On espère évidemment que le résultat sera plus passionnant que le sinistre Selon Charlie, (justement) conspué en compétition en 2006. Le réalisateur du dernier film français retenu cette année est d'une tout autre trempe: Paul Verhoeven qui dirige Isabelle Huppert dans Elle. A la lecture du roman de Philippe Djian, qui raconte le quotidien d'une femme victime de viol, on se dit que l'ironie et le malaise ambigu du récit iront comme un gant à Verhoeven et Huppert. Mais la Croisette est-elle prête pour cela ?
Régulièrement parent pauvre de la compétition, l'Asie doit comme d'habitude se contenter quelques candidats. Mais pas des moindres puisqu'on compte parmi eux le Coréen Park Chan-Wook et le Philippin Brillante Mendoza. Primé lors de ses deux apparitions en compétition, Park Chan-Wook tentera de faire encore un peu mieux avec Mademoiselle, adaptation de Du bout des doigts de Sarah Waters dont l'intrigue a été transposée en Corée. Le film raconte la relation trouble entre une jeune femme fortunée, un escroc et une pickpocket. Troisième venue en compétition également pour Mendoza, l'une des voix les plus passionnantes du cinéma contemporain, qui avait obtenu avec Kinatay le prix de la mise en scène. Ma'Rosa racontera l'histoire d'une famille dont l'épicerie sert de couverture pour vendre de la méthamphétamine. L'Iranien Asghar Farhadi a été ajouté à cette sélection avec Le Client, qui raconte comment la vie d'un jeune couple va être bouleversée.
Côté États-Unis, le chéri de la critique Jeff Nichols fait la passe de deux après Midnight Special, en compétition à la Berlinale en début d'année. Loving est, sur le papier, un drame plus classique, inspirée de l'histoire vraie d'un couple mixte dans l'Amérique des années 50. Jim Jarmusch, pour sa 8e participation à la compétition, dirige Adam Driver dans le rôle-titre de Paterson, qui raconte le périple d'un chauffeur de bus du New Jersey, poète à ses heures. Sean Penn racontera dans The Last Face lui la passion amoureuse en Afrique entre la directrice d’une organisation d’aide internationale (Charlize Theron) et un médecin humanitaire (Javier Bardem). Plus appétissant et probablement moins classique, le Danois Nicolas Winding Refn, primé pour Drive et injustement houspillé pour Only God Forgives, fera le récit probablement savoureux de cannibalisme dans le milieu du mannequinat à Los Angeles dans The Neon Demon. Plus au nord, le Canadien Xavier Dolan fait sa seconde apparition en compétition et aura fort à faire pour être à la hauteur de l'accueil réservé à Mommy. Juste la fin du monde est l'adaptation très périlleuse de la pièce signée Jean-Luc Lagarce dans laquelle des confessions familiales houleuses seront jouées par un cast all-star.
Après avoir brillamment adapté Les Hauts de Hurlevent, la Britannique Andrea Arnold a tourné American Honey outre-Atlantique. Le film-fleuve (2h36) met en scène la nouvelle venue Sasha Lane dans la peau d'une jeune fille qui rejoint la rédaction d'un magazine de voyage et sillonne le Midwest dans un tourbillon de fêtes, d'interdits et d'amour. Un autre Roumain (plus connu) accompagnera Cristi Puiu en compétition: palmé avec 4 mois 3 semaines 2 jours, revient avec Baccalauréat, un récit sur la parentalité. Pedro Almodóvar tentera d'oublier le flop de Julieta qui vient de sortir en Espagne. Ce drame raconte le destin d'une mère qui cherche à renouer avec sa fille. Lauréats de deux Palmes d'or, d'un Grand Prix et d'un prix du scénario (sans compter les prix d'interprétation pour leurs acteurs), les frères Dardenne reviennent avec La Fille inconnue. Adèle Haenel y incarne un médecin qui refuse d’ouvrir sa porte à une jeune fille. Quelques jours plus tard, celle-ci est retrouvée morte. Prise de remords, Jenny part à la recherche de l’identité de la victime. Les réalisateurs belges s'y seront-ils suffisamment renouvelés pour justifier une 7e sélection de suite en compétition? Mais en matière d'abonnement à vie, les Dardenne sont encore loin de Ken Loach qui fête sa 13e présence en compétition avec I, Daniel Blake. On ne vous racontera pas le pitch: fermez les yeux, imaginez-le et vous aurez probablement raison.
UN CERTAIN REGARD
La sélection Un Certain Regard comprend 18 titres. Elle fait la part belle aux nouveautés avec pas moins de 7 premiers longs métrages. Parmi les grandes curiosités de cette édition, le film d'animation néerlandais La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit coproduit par Ghibli. Coécrit par Pascale Ferrand, le film fait le récit muet d'un naufragé sur une île déserte tropicale. La Française Stéphanie Di Giusto (qui a auparavant signé des clips pour Brigitte Fontaine, Camille ou Sliimy) dirige Soko dans La Danseuse, sur le destin d'une pionnière de la danse moderne. La réalisatrice palestinienne Maha Haj présentera la production israélienne Personal Affairs dont le pitch est encore inconnu. Tourné en noir et blanc, The Happiest Day in the Life of Olli Mäki du Finlandais Juho Kuosmanen raconte, dans les années 60, l'histoire d'un boxeur amoureux. La Larga noche de Francisco Sanctis des Argentins Francisco Marquez et Andrea Testa est un drame politique qui se déroule durant la dictature militaire dans les années 70. Dogs de Bogdan Mirica vient grossir le riche contingent roumain et raconte l'histoire d'un homme qui hérite d'une terre et va devoir se confronter aux mafieux locaux. Enfin, l'Américain The Transfiguration de Michael O'Shea est un drame urbain parmi les vampires.
Parmi les réalisateurs qui n'en sont pas à leur coup d'essai, l'un des noms les plus excitants est celui de Koji Fukada. Le réalisateur de Au revoir l'été et du chef d'œuvre Sayonara (à découvrir courant 2016) vient à Cannes pour la première fois avec Harmonium. Ce film avec Tadanobu Asano raconte l'histoire de Toshio qui engage Yasaka pour travailler au sein de son petit atelier. Yasaka vient de sortir de prison et commence à se mêler de la vie de famille de Toshio. Un compatriote beaucoup plus connu sera à ses côtés : Hirokazu Kore-Eda, qui contrairement à certains auteurs européens n'a pas le bénéfice de l'abonnement à la compétition. Son nouveau film, Après la tempête, raconte l'histoire d'un écrivain lessivé qui, lors du passage d'un typhon, va être contraint à passer la nuit chez sa mère avec son ex-femme. Toujours en Asie, le Singapourien Apprentice de Boo Junfeng (découvert avec Sandcastle) est porté par un bon buzz depuis des semaines. Ce film produit par Eric Khoo raconte l'apprentissage difficile d'un gardien de prison auprès du bourreau des lieux. Plus à l'ouest, l'Iranien Behnam Behzadi suit dans Inversion le parcours d'une jeune femme contrainte à accompagner sa mère qui doit quitter Téhéran pour des raisons de santé.
Découvertes avec 17 filles, Delphine Coulin & Muriel Coulin dirigent un cast tout à fait trendy (Soko et Ariane Labed) dans cette histoire de deux militaires revenant d’Afghanistan et qui vont passer quelques jours à décompresser dans un hôtel 5 étoiles à Chypre. Dans un registre moins détendu, l’Egyptien Mohamed Diab (Les Femmes du bus 678) signe avec Clash un huis-clos situé dans un fourgon blindé lors des manifestations qui ont accompagné la destitution du président Morsi en 2013. Son voisin Israélien Eran Kolirin, révélé avec la carte postale pittoresque La Visite de la fanfare, raconte les doutes existentiels d’un soldat israélien dans Par-delà les montagnes et les collines. Seule présence italienne à l’officielle après la surcharge de l’an passé, Pericle Il Nero de Stefano Mordini est une adaptation d’un polar de Peppe Ferrandino sur le destin pas banal de Périclès qui travaille pour la mafia. Sélectionné à Sundance, Captain Fantastic de Matt Ross met en scène Viggo Mortensen dans la peau d’un père qui a élevé sa famille dans une forêt reculée du nord-ouest des Etats-Unis, et qui va être confronté à un changement radical de vie. Le Russe Kirill Serebrennikov présentera Le Disciple, sur un jeune homme qui traverse une crise mystique. Enfin, le Britannique David McKenzie a été ajouté à cette sélection avec le thriller Comancheria dans lequel deux frères préparant un braquage sont poursuivis par deux Texas Rangers.
HORS COMPÉTITION ET SÉANCES SPÉCIALES
On le sait depuis quelques semaines, le festival s’ouvrira par Café Society, le nouveau Woody Allen avec Kristen Stewart et Jesse Eisenberg. Thierry Frémaux a précisé qu’il n’y aurait pas de film de clôture. Parmi les poids lourds hors compétition, Steven Spielberg présentera Le Bon gros géant, son adaptation de Roald Dahl, tandis que Shane Black dirige Ryan Gosling et Russell Crowe dans la comédie d’action The Nice Guys. Après Le Complexe du castor au pitch très excitant (mais dont le résultat était assez proche de l’eau plate), Jodie Foster dirige George Clooney et Julia Roberts dans le thriller politique Money Monster. Plus excitant, le Coréen Na Hong-Jin (The Chaser, The Murderer) réalise un nouveau thriller teinté d’inquiétante étrangeté, Goksung. Un autre Coréen est sélectionné en séance de minuit : Yeun Sang-Ho, la révélation des films d’animation The King of Pigs et surtout The Fake qui signe son premier film live avec Train to Busan où il est question d’invasion zombie. L’autre séance de minuit sera Gimme Danger de Jim Jarmusch, doc musical consacré à Iggy Pop. Parmi les séances spéciales, Catherine Deneuve sera l’héroïne du Cancre de Paul Vecchiali tandis que Jean-Pierre Léaud portera la couronne dans La Mort de Louis XIV d’Albert Serra. Les nouveaux documentaires du Cambodgien Rithy Panh (Exil) et du Tchadien Mahamat Saleh Haroun (Hissène Habré, une tragédie tchadienne) seront dévoilés, ainsi que l’Italien L'Ultima Spiaggia de Thanos Anastopoulos et Davide Del Degan consacré à la crise des migrants.
Retrouvez ci-dessous la sélection officielle, ainsi que les sélections de la Quinzaine des Réalisateurs, de la Semaine de la Critique et de l'ACID.
Notre entretien
"C'est presque un film d'action !" - notre entretien avec Alessandro Comodin, réalisateur de I Tempi felici
Compétition
Toni Erdmann de Maren Ade
Julieta de Pedro Almodóvar
American Honey d'Andrea Arnold
Personal Shopper d'Olivier Assayas
La Fille inconnue de Jean-Pierre & Luc Dardenne
Juste la fin du monde de Xavier Dolan
Ma Loute de Bruno Dumont
Le Client d'Asghar Farhadi
Paterson de Jim Jarmusch
Rester vertical d'Alain Guiraudie
Aquarius de Kleber Mendonça Filho
Mal de pierres de Nicole Garcia
Moi, Daniel Blake de Ken Loach
Ma'Rosa de Brillante Mendoza
Baccalauréat de Cristian Mungiu
Loving de Jeff Nichols
Mademoiselle de Park Chan-Wook
The Last Face de Sean Penn
Sieranevada de Cristi Puiu
Elle de Paul Verhoeven
The Neon Demon de Nicolas Winding Refn
Hors Compétition
Café Society de Woody Allen (film d'ouverture)
Le Bon Gros géant de Steven Spielberg
The Nice Guys de Shane Black
The Strangers de Na Hong-Jin
Money Monster de Jodie Foster
Gimme Danger de Jim Jarmusch (Séance de minuit)
Train to Busan de Yeun Sang-ho (Séance de minuit)
Le Cancre de Paul Vecchiali (Séance spéciale)
Chouf de Karim Dridi (Séance spéciale)
Exil de Rithy Panh (Séance spéciale)
La Forêt de Quinconces de Grégoire Leprince-Ringuet (Séance spéciale)
La Mort de Louis XIV d'Albert Serra (Séance spéciale)
Hissein Habré, une tragédie tchadienne de Mahamat Saleh Haroun (Séance spéciale)
L'Ultima Spiaggia, de Thanos Anastopoulos et Davide Del Degan (Séance spéciale)
Wrong Elements de Jonathan Littell (Séance spéciale)
Un Certain regard
Après la tempête de Hirokazu Kore-Eda
La Tortue rouge de Michael Dudok De Wit
La Larga Noche de Francisco Sanctis de Francisco Márquez & Andrea Testa
The Transfiguration de Michael O'Shea
Un vent de liberté de Behnam Behzadi
Apprentice de Boo Junfeng
Voir du pays de Delphine Coulin & Muriel Coulin
La Danseuse de Stéphanie Di Giusto
Clash de Mohamed Diab
Harmonium de Koji Fukada
Personal Affairs de Maha Haj
Par-delà les montagnes et les collines de Eran Kolirin
Le Plus beau jour de la vie d'Olli Mäki de Juho Kuosmanen
Dogs de Bogdan Mirica
Periclès le noir de Stefano Mordini
Captain Fantastic de Matt Ross
Le Disciple de Kirill Serebrennikov
Comancheria de David MacKenzie
Cannes Classics
Et la femme créa Hollywood de Clara Kuperberg & Julia Kuperberg
Close Encounters with Vilmos Zsigmond de Pierre Filmon
Quinzaine des Réalisateurs
Ma vie de Courgette de Claude Barras
Folles de joie de Paolo Virzi
Semaine de la Critique
Victoria de Justine Triet
Grave de Julia Ducournau
I Tempi Felici de Alessandro Comodin
ACID
Le Parc de Damien Manivel
La Jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach
Tombé du ciel de Wissam Charaf
Le Voyage au Groenland de Sébastien Betbeder
Marché du Film
The Final Master de Haofeng Xu
+ Notre bilan complet
Le Palmomètre de la rédaction
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