Festival de Cannes 2015 : notre dossier

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La sélection officielle du Festival de Cannes a été dévoilée. FilmDeCulte vous détaille tous les films retenus : tout ce qu'il faut savoir sur Cannes 2015 est dans notre dossier !

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COMPÉTITION

Plus de 1800 films ont été visionnés pour confectionner la sélection officielle du 68e Festival de Cannes. 19 films ont été retenus en compétition. Cannes, c’est toujours les mêmes ? Si la sélection de l’an passé manquait sans aucun doute de renouvellement (13 réalisateurs sur 18 en compétition avaient déjà concouru pour la Palme d’or – et pas qu’une fois pour certains), il y a plus d’air frais dans cette compétition 2015 avec à peu près la moitié de cinéastes (9 sur 19) qui font leur entrée en compétition.

Un premier film s’est glissé parmi les prétendants à la Palme : il s’agit du Hongrois Le Fils de Saul, signé d’un ex-assistant de Bela Tarr, Laszlo Nemes. Le long métrage, entouré d’une forte rumeur, raconte l’histoire d’un prisonnier travaillant dans un des crematoriums d’Auschwitz. Parmi les autres nouveaux venus en compétition, signalons la présence de deux des principaux espoirs du cinéma européens, justement révélés à Cannes avec leurs précédents films. Le Grec Yorgos Lanthimos, primé à Un Certain Regard pour l’ovni Canine, présente The Lobster qui possède certainement le meilleur pitch de l’année : des célibataires sont emmenés de force dans l'Hôtel et ont 45 jours pour trouver un partenaire. S’ils échouent, ils sont transformés en l'animal de leur choix et sont lâchés dans les bois. Le Norvégien Joachim Trier, dont le film Oslo 31 août avait été particulièrement apprécié, signe Louder Than Bombs, un drame familial autour d’une photographe disparue. Tous les deux tournent en anglais avec un casting international (Colin Farrell, Léa Seydoux, Rachel Weisz, Ben Whishaw et John C.Reilly pour Lanthimos, Isabelle Huppert, Jesse Eisenberg et Gabriel Byrne pour Trier), en espérant que leur spécificité ne se dilue pas dans la traduction. Autre révélation récente, l’Australien Justin Kurzel réalise après l’impressionnant Les Crimes de Snowtown une nouvelle adaptation de Macbeth avec Michael Fassbender et Marion Cotillard. On attend d’être surpris par deux autres premières participations en compétition à vrai dire un peu moins excitantes : Marguerite et Julien de Valérie Donzelli (à partir d’un scénario abandonné de Truffaut), Valley of Love de Guillaume Nicloux (avec Huppert et Depardieu) et La Loi du marché de Stéphane Brizé (un film social avec Vincent Lindon confronté à un dilemme moral sur son lieu de travail). Le seul réalisateur d'Amérique latine est le Mexicain Michel Franco qui, après les remarqués Daniel & Ana et Despues de Lucia, dirige Tim Roth en infirmier s'occupant de patients condamnés dans Chronic, tourné en anglais. Enfin, le Canadien Denis Villeneuve arrive en compétition avec Sicario, un thriller dans lequel une agent du FBI rejoint la CIA pour renverser le chef d’un cartel mexicain. A l’affiche : Emily Blunt, Josh Brolin et Benicio Del Toro.

On annonçait une grosse année asiatique, l’Asie se contentera comme d’habitude à Cannes d’une petite place en compétition. Trois films seulement ont été retenus, en attendant peut-être un complément. Trois films signés par des cadors : le Taïwanais Hou Hsiao Hsien, le Chinois Jia Zhang-Ke et le Japonais Hirokazu Kore-Eda. Hou, qui n’aurait pas volé une Palme d’or pour Les Fleurs de Shanghai voire Three Times, aura-t-il plus de chances avec son film d’arts martiaux The Assassin dans lequel il retrouve Shu Qi et Chang Chen ? Jia Zhang-Ke raconte un drame familial, des années 90 jusqu’au futur, de Chine jusqu’en Australie dans Mountains May Depart. Thierry Frémaux a expliqué que s’il sélectionnait Hirokazu Kore-Eda à répétition (ici avec le drame familial Notre petite sœur), c’était parce qu’il le méritait. Il n’avait pas besoin de s’expliquer : Kore-Eda, non sélectionné ces dix dernières années pour Hana, Still Walking et I Wish (et retenu « seulement » à Un Certain Regard pour Air Doll), n’est pas un « abonné ». Au contraire de Paolo Sorrentino (6 sélections sur ses 6 derniers films) qui revient avec La Giovinezza (sur deux vieux artistes désabusés interprétés par Michael Caine et Harvey Keitel), Matteo Garrone (3 sélections de suite) retenu avec The Tale of Tales (une adaptation costumée de Giambattista Basile avec Salma Hayek et Vincent Cassel) ou bien sûr Nanni Moretti (6e sélection consécutive) qui présente le drame Mia Madre. Oui, dans un panorama mondial comme Cannes, il n’y a pas de problème à réduire un continent entier à 3 films tout en en présentant 3 d’un même pays européen (le score se porte même à 5 pour les candidats français).

Outre Brizé, Nicloux et Donzelli, deux autres Français ont été retenus en compétition : Jacques Audiard et Maïwenn. Audiard raconte avec Dheepan le quotidien d’un combattant de l'indépendance tamoule, réfugié politique en France. Maïwenn raconte une passion amoureuse entre Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot dans Mon roi. Deux réalisateurs américains seulement se sont glissés en compétition, mais pas des moindres. Gus Van Sant a tourné The Sea of Trees au Japon ; Matthew McConaughey et Ken Watanabe se rencontrent dans la « Forêt des suicides ». Todd Haynes, sélectionné pour la dernière fois à Cannes il y a près de 20 ans avec Velvet Goldmine, revient avec le mélo Carol dans lequel Cate Blanchett et Rooney Mara ont une liaison.

UN CERTAIN REGARD

19 films ont également été sélectionnés dans la section Un Certain Regard. Une large place a été réservée à la nouveauté, avec notamment quatre premiers longs métrages : l’Éthiopien Lamb de Yared Zeleke, récit d'apprentissage d'un jeune garçon dont la meilleure amie est une brebis, le drame sentimental Nahid par l’Iranienne Ida Panahandeh, le drame dans un chenil Je suis un soldat du Français Laurent Larivière avec Louise Bourgoin et Manaan de l’Indien Neeraj Ghaywan qui raconte quatre destins aux abords du Gange. Un second film indien a été retenu : La Quatrième voie de Gurvinder Singh qui raconte les tensions économiques et sociales d'une région rurale du Punjab. Toujours en Asie, le buzz est fort autour de Madonna, nouveau film de Shin Su-Won (Suneung). Ce long métrage suit le parcours d’une infirmière qui va découvrir des secrets alors qu’elle tente d’obtenir d’une famille un formulaire de consentement au don d'organe. Un second représentant coréen a été retenu avec le mix de polar et de romance The Shameless avec l’actrice Jeon Do-Yeon (prix d’interprétation pour Secret Sunshine) prise entre son amant meurtrier et le détective qui mène l’enquête. Qautre réalisateurs asiatiques plus connus se sont invités dans cette section qui, sur le papier, semble plus aventureuse que la compétition. Kiyoshi Kurosawa présentera son fantomatique Vers l’autre rive dans lequel une femme est visitée par son ex-compagnon, disparu depuis des années. Kurosawa avait connu un grand succès en 2008 à Cannes, là aussi à Un Certain Regard, avec Tokyo Sonata, et n'a figuré qu'une seule fois en compétition dans toute sa carrière. Plus chanceuse à Cannes, Naomi Kawase, Caméra d'or pour Suzaku et Grand Prix pour La Forêt de Mogari, ouvrira les festivités avec la comédie dramatique culinaire An. L'Asie du sud-est sera à l'honneur avec deux de ses plus éclatants talents: le Palmé thaïlandais Apichatpong Weerasethakul avec Cemetery of Splendour, qui raconte l'histoire d'une femme au foyer solitaire qui a la cinquantaine et d'un soldat atteint de la maladie du sommeil, et le Philippin Brillante Mendoza avec Taklub, récit de la survie des habitants frappés par le typhon Yolanda.

Ce sont aussi des nationalités rares qui sont à l’honneur cette année. Remarqué notamment avec Papa, un film prometteur aux audacieuses ruptures de ton, le Croate Dalibor Matanic présente Soleil de plomb qui raconte à trois périodes différentes trois histoires d’amour dans une région déchirée par la haine interethnique. L’Islande sera également présente avec Rams, sur la rivalité entre deux éleveurs de mouton dans un coin perdu du pays. Le Colombien José Luis Rugeles raconte l'histoire d'une adolescente-soldat dans Alias Maria. Plus à la mode, la Roumanie sera doublement représentée avec les nouveaux Corneliu Porumboiu et Radu Muntean. Porumboiu, Caméra d’or pour 12h08 à l'est de Bucarest, décrit une curieuse chasse au trésor dans Le Trésor. Muntean, réalisateur de Mardi après Noël, signe L’Etage du dessous sur le dilemme moral d’un homme témoin d’un drame dans son immeuble. Produit par Diego Luna, le Mexicain Las Elegidas de David Pablos est une plongée dans la réalité de la prostitution infantile. C’est l’un des rares films hispanophones de l’année. Egalement retenus : Maryland, second film d’Alice Winocour (Augustine) sur la relation entre un soldat victime de stress post-traumatique (Matthias Schoenaerts) et une riche épouse (Diane Kruger), et The Other Side, film à mi-chemin entre fiction et documentaire par l’Américain Roberto Minervini (Stop the Pounding Heart) sur les laissés pour compte de l’Amérique.

Parmi les films sélectionnés hors compétition, on connaissait déjà La Tête haute d’Emmanuelle Bercot, sur le parcours d’un jeune homme qu’une juge des enfants et un éducateur tentent de sauver, qui fera l’ouverture, et Mad Max : Fury Road de George Miller avec Tom Hardy et Charlize Theron. Le nouveau Woody Allen (Un homme irrationnel avec Joaquin Phoenix et Emma Stone) et le nouveau Pixar (Vice-versa) ont également été annoncés, tout comme un autre film d’animation : la production française Le Petit prince au casting-voix international. Office, premier film de Hong Won-Chan (scénariste sur The Chaser, The Murderer et Confession of Murder), raconte la traque d’un serial-killer qui a massacré une famille entière et sera projeté en séance de minuit, tout comme le documentaire musical Amy d’Asif Kapadia, dédié à la chanteuse Amy Winehouse, et surtout l'affriolant mélodrame sexuel de Gaspar Noe, Love. Parmi les films retenus en séance spéciale, citons Amnesia de Barbet Schroeder, Asphalte de Samuel Benchetrit, Oka de Souleymane Cissé ou encore la première réalisation de Natalie Portman, Une histoire d’amour et de ténèbres.

Compétition
Dheepan de Jacques Audiard
La loi du marché de Stéphane Brizé
Marguerite et Julien de Valérie Donzelli
Chronic de Michel Franco
The Tale of Tales de Matteo Garrone
Carol de Todd Haynes
The Assassin de Hou Hsiao Hsien
Mountains May Depart de Jia Zhang-Ke
Notre petite sœur de Hirokazu Kore-Eda
Macbeth de Justin Kurzel
The Lobster de Yorgos Lanthimos
Mon roi de Maïwenn
Mia Madre de Nanni Moretti
Le Fils de Saul de Laszlo Nemes
Valley of Love de Guillaume Nicloux
La Giovinezza de Paolo Sorrentino
Louder than Bombs de Joachim Trier
The Sea of Trees de Gus Van Sant
Sicario de Denis Villeneuve

Un Certain Regard
An - Sweet Red Bean Paste, Naomi Kawase (Japon)
Cemetery of Splendour, Apichatpong Weerasethakul (Thaïlande)
Taklub, Brillante Mendoza (Philippines)
Las Elegidas, David Pablos (Mexique)
Masaan, Neeraj Ghaywan (Inde)
La Quatrième voie, Gurvinder Singh (Inde)
Soleil de plomb, Dalibor Matanic (Croatie)
Je suis un soldat, Laurent Larivière (France)
Vers l'autre rive, Kiyoshi Kurosawa (Japon)
Madonna, Shin Suwon (Corée du sud)
Maryland, Alice Winocour (France)
Nahid, Ida Panahandeh (Iran)
L’Étage du dessous, Radu Muntean (Roumanie)
The Other Side, Roberto Minervini (États-Unis)
Rams, Grimur Hakonarson (Islande)
The Shameless, Oh Seung-Uk (Corée du sud)
Le Trésor, Corneliu Porumboiu (Roumanie)
Lamb, Yared Zeleke (Ethiopie)
Alias Maria, José Luis Rugeles (Colombie)

Hors compétition
La Tête haute, Emmanuelle Bercot (France)
Mad Max : Fury Road, George Miller (Australie)
Un homme irrationnel, Woody Allen (États-Unis)
Vice-versa, Pete Doctor & Ronaldo Del Carmen (États-Unis)
Le Petit prince, Mark Osborne (France)

Séances de minuit
Office, Hong Won-Chan (Corée du sud)
Amy, Asif Kapadia (Royaume-Uni)
Love, Gaspar Noé (France)

Séances spéciales
Asphalte, Samuel Benchetrit (France)
Oka, Souleymane Cissé (Mali)
L'Esprit de l'escalier, Elad Keidan (Israël)
Une histoire d'amour et de ténèbres, Natalie Portman (Israël)
Amnesia, Barbet Schroeder (France)
Panama, Pavle Vuckovic (Serbie)
Une histoire de fou de Robert Guédiguian (France)

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par Nicolas Bardot

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