Festival de Cannes 2011, le bilan

Festival de Cannes 2011, le bilan

Que retenir de la très riche édition 2011 du Festival de Cannes? FilmDeCulte fait le point avec un bilan détaillé...

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Le cru cannois 2011 aura été un très grand cru. La sélection 2010, comme l’a indiqué Thierry Frémaux lui-même, a été difficile à faire, et finalement, si bon nombre des films dont on a parlé l’an passé (Oncle Boonmee, Des hommes et des dieux, Poetry, Another Year, Godard ou Oliveira) faisaient partie de cette sélection, celle-ci n’a pas enthousiasmé comme celle de cette année. Quelles sont les tendances de l’édition 2011 ? Quel état du monde ? Il était intéressant de voir parler ensemble des films en apparence aussi opposés que The Tree of Life de Terrence Malick et Hanezu de Naomi Kawase, sur le rapport à la vie, à la nature, le cosmos et la création, l’un œuvrant dans l’infiniment géant et l’autre dans l’infiniment petit. Melancholia s’est invité dans cet échange comme un chien dans un jeu de quilles avec sa planète qui menace tout simplement de venir exploser la nôtre.

Beaucoup de films ont parlé de nos chers bambins. Les enfants étaient au centre de longs métrages tels que We Need to Talk About Kevin, Play, Les Géants, Le Gamin au vélo, My Little Princess, Michael, Après le sud, Polisse. Généralement livrés à eux-mêmes, parents absents, abusifs, démissionnaires, sur messagerie. Intéressant de voir également qu’ils ne s’inscrivent pas forcément dans un constat social de crise économique: face aux Dardenne, il y a par exemple le malaise plus universel dans We Need to Talk About Kevin ou Michael.

Mais l’enfant n’est pas le seul à souffrir de cette solitude. On a beaucoup vu de films sur des femmes également livrées à elles-mêmes, dont la solitude constituait en grande partie le sujet des films : Elena, Code Blue, Martha Marcy May Marlene, O Abismo prateado, Sleeping Beauty, Melancholia, We Need to Talk About Kevin et même Jeanne Captive. Seules, même accompagnées. A l’opposé, on a aussi vu des films de groupes, avec une solidarité féminine essentielle : Et maintenant on va où ? et son envers La Source des femmes, L’Apollonide, souvenirs de maison close et Sauna on the Moon.

La violence, elle, a souvent été sexuelle. Les Crimes de Snowtown, Skoonheid, Tatsumi, L’Apollonide, Guilty of Romance, Martha Marcy May Marlene, Michael, Code Blue, La Source des femmes. Qu’il s’agisse des enfants, des femmes, de la violence, c’est rarement d’une façon frontale que le monde en crise a été peint - mais celui-ci est pourtant omniprésent, par moyens détournés, par ses victimes collatérales.

Il y avait pourtant de quoi se réjouir sur la Croisette. L’humour s’est invité de nombreuses fois dans les films sélectionnés, dansThe Artist, dans La Peau que j’habite qui permet à Almodovar d’effectuer un joyeux retour en arrière, dans The Look, The Day He Arrives, Michael (eh oui) ou encore Pater. Ce dernier faisait partie d’une triplette sur la politique française très présente cette année. Plutôt que le pétard mouillé de La Conquête, on aura surtout remarqué l’utopie politique de Pater donc, mais aussi L’Exercice de l’état de Pierre Schoeller.

Et le palmarès ? A une grande Palme d’or (Oncle Boonmee) succède une autre, The Tree of Life. On peut avoir quelques réserves sur le double Grand Prix pour Ceylan et Dardenne, déjà multi-récompensés (ce qui n’est pas un problème) pour des films voisins et surtout plus ambitieux et plus réussis. Mais c’est avec un vrai enthousiasme qu’on accueille le prix de la mise en scène pour Nicolas Winding Refn, ou le fait que Melancholia n’ait pas été oublié en récompensant son actrice, Kirsten Dunst. Après Björk et Charlotte Gainsbourg, c’est un troisième prix d’interprétation qui va à l’une des actrices de Lars Von Trier (on salue le jury de Chéreau qui a préféré Croze à Kidman en 2003, insérez les rires enregistrés), amusant puisque le Danois que tout le monde adore détester se cache en grande partie derrière les personnages principaux (et loués) de Antichrist et Melancholia. Côté sections parallèles, Une Certain Regard a encore brillé, La Semaine de la Critique également, tandis que la Quinzaine a présenté des choix forts mais d’autres, aussi, plus fragiles. On souhaite bon courage à tous pour faire aussi bien l’année prochaine…

par Nicolas Bardot

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