Faults

Faults
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Faults
États-Unis, 2014
De Riley Stearns
Scénario : Riley Stearns
Avec : Mary Elizabeth Winstead, Jon Gries
Durée : 1h33
Note FilmDeCulte : ****--
  • Faults
  • Faults
  • Faults
  • Faults

Afin de secourir leur fille Claire tombée sous la coupe d’une secte, des parents font appel à Ansel Roth, spécialiste de déprogrammation mentale. Rapidement, Ansel découvre que le cas de Claire est plus complexe qu’il ne l’imaginait…

BEYOND MY CONTROL

Si l’on a eu de nombreuses fois l’occasion de bailler devant un certain cinéma indé américain standardisé (disons, le bas du panier Sundance), on a pu voir éclore ces derniers temps des essais plus encourageants de la part de cinéastes aventureux. Citons Toad Road de Jason Banker, Coherence de James Ward Byrkit ou, dans une moindre mesure, Resolution de Justin Benson et Aaron Moorhead. Qu’ont-ils en commun ? Ce sont des films tournés avec un budget équivalent au prix de 3 paquets de Crackers Belin. Conceptuels, ils font preuve de beaucoup d’astuce (et d’espièglerie). Ce sont aussi des longs métrages où l’on délaisse le film social premier degré au-cœur-gros-comme-ça pour un minimalisme narratif flirtant avec un vertige fantastique. En somme, de l’anti-Fruitvale Station ou States of Grace… et c’est tant mieux. Riley Stearns (lire notre entretien), qui signe avec Faults son premier long métrage, s’inscrit totalement dans cette réjouissante lignée. Une autre qualité très précieuse que ces films ont en commun : lorsqu’ils débutent, impossible de savoir où ils vont aller.

Jon Gries, absolument formidable, incarne un connard de première et soi-disant expert en contrôle mental. Un couple lui demande de leur venir en aide : leur fille Claire est sous le joug d’une mystérieuse secte. Claire (incarnée par une Mary Elizabeth Winstead inquiétante et évanescente), parle comme une candidate dépressive de la Star Academy, affirmant "avoir beaucoup appris sur elle-même" au sein de la secte. Le jeu de manipulation peut commencer. Stearns parvient avec talent à installer un climat de plus en plus oppressant. D’abord gentiment absurde (un plan insistant sur des claquettes qui font flap flap), puis bizarre (lors d’un dialogue, un personnage exclu du cadre de manière peu conventionnelle) : la caméra n’est pas toujours là où on l’attend. Ces subtils dérèglements, comme ici ou là des raccords abrupts, participent à l’atmosphère insolite. Puis épaissit le mystère…

La secte en question reste hors champ. Une bonne partie de Faults est un ping-pong verbal. Il est beaucoup question de contrôle mental, de point de vue, de paranoïa dans Faults. Il n’y a pas de raison pour que les personnages soient les seuls à s’amuser : vous êtes invités à prendre part à la fête. Stearns réussit son coup par une progression millimétrée et de plus en plus tordue : on en vient à croire que la lumière des chiottes vient d’ailleurs, alors que rien n'est explicitement fantastique à l'écran. Le dénouement, où l’excitant mystère aux portes du surnaturel flirte avec la farce, est peut-être un peu déceptif. Mais avant cela, en termes de mise en scène et d’écriture, on aura eu droit à beaucoup de cinéma.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires