Publié le 06/07/2008

FESTIVAL PARIS CINEMA 2008: Kabei (notre mère)

Alors que son mari vient d'être fait prisonnier politique, une mère de famille doit faire face et survivre dans le Japon en guerre de 1940. Kabei est la rencontre des portraits familiaux poignants d'Ozu et des mélodrames féminins tragiques de Mizoguchi, à travers le style classique mais très maîtrisé du vétéran Yoji Yamada, qui retrouve Sayuri Yoshinaga, muse entre autres de Kon Ichikawa, et qu'il a dirigée pour la dernière fois il y a une trentaine d'années. La force de Kabei est de peindre toute une fresque historique, de la Guerre sino-japonaise à l'entrée dans la Seconde Guerre Mondiale jusqu'au crépuscule d'Hiroshima et de Nagasaki, ceci en évacuant pratiquement tout son grand spectacle, effusions belliqueuses laissées à la porte d'un film qui les a en dégoût. Tout est perçu du point de vue de la mère, ou de ses filles, qui vivent leur guerre à elles, cadre serré sur le salon ou la ruelle devant la maison, tandis que les saisons passent imperturbablement, quand au loin un vieux choisit de s'éteindre dans les collines, quand ailleurs la bombe atomique réduit à néant quelque existence fragile. Dans ce choix du hors cadre, de l'ellipse, Kabei ne rend que plus puissants les mutations d'un pays à terre (la vision du quartier laminé) et les drames quotidiens (la scène, somptueuse, du cortège enneigé). C'est aussi le portrait en adoration d'une mère courage, inspirée de Teruyo Nogami, assistante et biographe d'Akira Kurosawa, héroïne en lumière de ce grand et beau long métrage en forme de redoutable tear-jerker pour qui n'a pas peur des films avec de l'émotion à l'intérieur. Kabei, qui sera visible à nouveau mardi, se place en toute logique comme un favori au palmarès.
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par Nicolas Bardot

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