Publié le 09/09/2008

FESTIVAL DE DEAUVILLE 2008: La critique de Gardens of the Night

Milieu des années 80, deux photographies attirent l’attention de Damian Harris, celle d’une jeune fille de huit ans reproduite sur un litre de lait et portant la mention "disparue", et celle d’un jeune garçon illustrant un article sur le commerce des enfants. Elles donnent l’idée au réalisateur anglais de raconter le calvaire d’une enfant enlevée de son point de vue. Quelques deux décennies et bien des déboires plus tard, le projet est enfin achevé. Un sujet grave pour un film comportant des scènes quasi-insoutenables. Comment rester insensible quand l’innocence de l’enfance, qui devrait rester sacrée, est brisée pour Leslie et Donnie, et ce d’une manière tellement subtile qu’elle en est encore plus abjecte. Car non content de violer les corps, il s’agit également d’un abus psychologique, bafouant la vie passée pour en créer une nouvelle, basée sur le mensonge et la manipulation. Des scènes d’autant plus difficiles à regarder et à accepter qu’elles sont inspirées par des événement passés, présents et futurs. Dans quelle mesure notre vie d’adulte est-elle conditionnée par notre passé ? Quelle est la marge de manœuvre pour défaire ce qui a été fait? Comment vivre avec le poids d’un tel fardeau ? Damian Harris appuie fort sur un douloureux sujet, et réussit partiellement sa démonstration. Le film est scindé en deux parties, Leslie jeune et Leslie adolescente, et si la jeune Ryan Simpkins, avec ses longs cheveux blonds et ses grands yeux bleus, est le parfait petit ange victime de la bestialité des hommes, Gillian Jacobs donne l’image d’une jeune femme trop lisse pour être crédible. Personne en la voyant ne peut supposer le terrible passé d’enfant prostituée qu’elle est censée porter. De plus, les retrouvailles avec sa famille portent un nouveau coup dur à la crédibilité de la seconde partie. La première partie est la plus forte et la caméra, au niveau de Leslie, restitue le regard de l’enfance, se fixant sur un robinet lors d’un "rendez-vous", seul moyen pour elle de s’échapper. Un film à fortement déconseiller aux âmes sensibles pour un constat bien réel : chaque année 58.000 enfants sont enlevés par des inconnus aux Etats-Unis.

par Yannick Vély

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