A l'image du lumineux John John, Serbis, le nouveau film de Brillante Mendoza, grouille de vie, du brouhaha infernal et incessant des voitures, en passant par les courses au voleur et irruption de chèvre au sein même du décor. Un décor fascinant en forme de labyrinthe tordu, autant une maison qu'un cinéma qu'une cantine qu'un bordel, peuplé par une famille et 36 clients qui vivent, jouissent, rient, aiment et pleurent dans les recoins de ce petit monde orné d'affiches kitsch, de graffitis amoureux, tandis que dans la salle sont diffusés des films érotiques voyant des pin-ups philippines implorer Saint Michel de les sauver. Anti-Chatte à deux têtes, Serbis n'est jamais glauque, peint le portrait décalé et inédit d'un clan ultra attachant, indifférent aux moeurs légères de l'établissement, et réuni autour d'une figure matriarcale blessée, mais droite comme un I derrière son guichet. Si le jury est équipé d'un coeur en état de marche, Serbis, comédie touchée par la grâce, pourrait bien se glisser au palmarès. En un mot comme en cent (ou deux, en fait): ça tue.
États-Unis, 2024
De Rose Glass
Lou, gérante solitaire d'une salle de sport, tombe éperdument amoureuse de Jackie, une ...