Everyday Objects
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Halbschatten
Allemagne, 2013
De Nicolas Wackerbarth
Scénario : Nicolas Wackerbarth
Avec : Anne Ratte-Polle
Durée : 1h20
Merle, invitée par son amant, vient passer ses vacances dans le sud de la France. A son arrivée, elle est surprise de voir la maison seulement habitée par les deux enfants de son amant...
FEMME OBJET
Une jeune femme solitaire et mystérieuse, sans identité précise, arrive dans un lieu étranger où personne ne la connait. Si l’on devait réduire à une équation la plus brève possible l’ADN du nouveau cinéma allemand, on arriverait sans doute à ce pitch, qui pourrait aussi bien être celui de films de Christian Petzold (Yella), Christoph Hochhäusler (Sous toi la ville) Ulrich Köhler (Montag) ou Angela Schanelec (Marseille). Il ne manque en effet à Everyday Objects qu’une scène en forêt pour ressembler à un manuel du parfait jeune cinéaste berlinois. Et pourtant le film vaut beaucoup mieux qu’un éventuel (et improbable) Scary Movie allemand. Sans atteindre le niveau de certains des modèles cités, Everyday Objects est plus qu’honnête. Si la formule est connue, celle d’une inquiétante étrangeté naissant d’une perte de repères aussi réaliste que symbolique, elle reste percutante. Rédacteur pour Revolver, revue de cinéma créée par Christoph Hochhäusler et Benjamin Heisenberg, Nicolas Wackerbarth revisite les lieux communs du cinéma berlinois, mais il le fait avec un certain succès.
A quoi tient ce succès? Une aisance dans l’écriture et la mise en scène que n’ont pas tous ses contemporains, et une protagoniste la fois absente et téméraire, loin de la caricature de personnage mutique qui passe le film les épaules voutées et les yeux baissés. Servie par une interprète au jeu et au charisme subtils (Anne Ratte-Polle, c’est un plaisir rien que d’écrire son nom), ce personnage central fait tenir tout le mystère et le suspens du film sur ses épaules. Halbschatten, le titre original du film, fait référence à la pénombre où se trouve Merle. Invitée malgré elle dans la famille et la maison de son amant, celle-ci n’a en effet de cesse que d’alterner entre se mettre en pleine lumière et se résigner à sa place d’objet encombrant, nouant ainsi un intrigant suspens psychologique sur sa capacité à tenir ce petit jeu sans éclater. L’excitante section Forum de la Berlinale n’y s’est pas trompée : en sélectionnant Everyday Objects au côté de L’Étrange petit chat, elle a donné à voir parmi les meilleurs films allemands de l’année.
