Elle s'appelle Ruby
Ruby Sparks
États-Unis, 2012
De Jonathan Dayton, Valerie Faris
Avec : Antonio Banderas, Annette Bening, Steve Coogan, Paul Dano
Photo : Matthew Libatique
Musique : Nick Urata
Durée : 1h44
Sortie : 03/10/2012
Calvin est un romancier à succès, qui peine à trouver un second souffle. Encouragé par son psychiatre à écrire sur la fille de ses rêves, Calvin voit son univers bouleversé par l’apparition littérale de Ruby dans sa vie, amoureuse de lui et exactement comme il l’a écrite et imaginée.
SHE'S ALIVE ! ALIVE !
Six ans se sont écoulés depuis la sortie de Little Miss Sunshine. Entre temps, ce petit film est devenu un phénomène, du box-office jusqu'aux Oscars. Disproportionné ? Si le film de Valerie Faris et Jonathan Dayton est éminemment sympathique, porté par son énergie et sa gentille irrévérence, il est aussi le symbole d'une formule usée du cinéma américain indépendant qui aime prendre des sujets anti-conventionnels (ici, une famille parfaitement dysfonctionnelle) pour les concasser dans des œuvres conventionnelles. Faris et Dayton allaient-ils survivre à l'épreuve du second long métrage ? Ironiquement, Elle s'appelle Ruby évoque cette difficulté récurrente de la "2e œuvre", en littérature et en musique. La question se pose aussi au cinéma. Alors qu'on leur avait attribué bon nombre de projets, Faris et Dayton ont pris leur temps pour choisir leur nouveau long métrage. Et si Elle s'appelle Ruby est pour le moment un four au box-office américain (2.1 millions de dollars en plus d'un mois d'exploitation), il prouve que le duo en a encore sous le pied.
Pour être tout à fait honnête, Elle s'appelle Ruby révèle surtout une jeune femme: Zoe Kazan, actrice, scénariste du long métrage et petite-fille de. A peine remarquée dans des films tels que Dans la vallée d'Elah ou Les Noces rebelles, Kazan s'est surtout illustrée sur les planches. Elle se jette à l'eau avec ce premier scénario qui pourrait être une tarte à la crème sur les liens entre la vie et l'art mais qui parvient avec une certaine fraicheur à éviter les lourdeurs et clichés. A l'arrivée, une sorte d'anti-Sans Sarah, rien ne va (où la fille idéale est un peu maman, un peu pute, un peu dévouée à son homme, totalement poupée gonflable), où le héros masculin (Paul Dano) se retrouve devant l'impossibilité de façonner l'amour de ses rêves comme il le ferait avec son grand œuvre. L'emballage efficace de Dayton et Faris, la brillante bande originale de Nick Urata (à noter qu'on danse également sur du Plastic Bertrand et qu'on y entend du Sylvie Vartan) sont des atouts. Mais c'est surtout la prestation de Zoe Kazan qui captive. Face à un Paul Dano plus limité, Kazan parvient à incarner un personnage qui est, par définition, totalement désincarné et soumis aux désirs de son créateur. Elle s'appelle Ruby s'ouvre sur la crise d'inspiration d'un jeune écrivain, dont les pages sont aussi blanches que les murs de sa maison. Un problème dont ne semble pas souffrir Kazan qu'on a hâte de revoir au cinéma.