Dragons 2

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Dragons 2
How To Train Your Dragon 2
États-Unis, 2013
De Dean DeBlois
Avec : Jay Baruchel, America Ferrera, Jonah Hill, Christopher Mintz-Plasse, Kristen Wiig
Sortie : 02/07/2014
Note FilmDeCulte : *****-
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Tandis qu’Astrid, Rustik le Morveux et le reste de la bande se défient durant des courses sportives de dragons devenues populaires sur l’île, notre duo désormais inséparable parcourt les cieux, à la découverte de territoires inconnus et de nouveaux mondes. Au cours de l’une de leurs aventures, ils découvrent une grotte secrète qui abrite des centaines de dragons sauvages, dont le mystérieux Dragon Rider. Les deux amis se retrouvent alors au centre d’une lutte visant à maintenir la paix. Harold et Krokmou doivent s’unir pour défendre leurs valeurs et pouvoir préserver le destin des hommes et des dragons.

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En 2010, Dragons jouissait d'être une merveilleuse surprise. Précédé d'une promo semblant s'inscrire dans la lignée des autres productions Dreamworks Animation, studio caractérisé par son goût pour la comédie faussement irrévérencieuse, le film de Chris Sanders et Dean DeBlois avait su déjouer toutes les attentes en s'imposant comme un bijou d'aventures émouvant rivalisant avec les meilleurs Pixar. La barre est donc plus haute pour le deuxième opus, attendu au tournant. Comment Dreamworks Animation, qui ne se contente plus désormais de jouer dans la cour des grands mais en est carrément devenu le caïd avec la déchéance de Pixar, allait réussir à capturer une deuxième fois la magie semblablement élusive de cette histoire pourtant si classique? Si le premier épisode peut se comparer sommairement à "E.T. avec un dragon", ce deuxième volet ne risquait-il pas de commettre l'erreur que Steven Spielberg a soigneusement évité? En guise de source d'inspiration, Dean DeBlois - seul ce coup-ci au scénario et à la réalisation, Sanders étant parti faire Les Croods - cite le mètre-étalon des seconds chapitres, L'Empire contre-attaque, comme l'exemple à suivre. "Ce que j'aime en particulier dans L'Empire contre-attaque, c'est que le film étend La Guerre des étoiles dans toutes les directions: en émotion, en ampleur, les personnages, le fun. C'est ça l'objectif." Si l'on retrouve ce classicisme assumé, c'est cette fois-ci dans le schéma de la séquelle, à la fois un tome indépendant et un nouveau chapitre de la saga, notion qui devrait aller de soi mais qui paraît de plus en plus difficile à accomplir en cette ère de fabrication de franchises à tout prix, de set up et de cliffhangers parfois malaisés. Face à l'abondance de suites qui débarquent chaque année dans les salles, on ne cesse d'entendre des gens déplorer le "manque de créativité" à Hollywood. Or, quand on voit Dragons 2, on a du mal à lui trouver cette carence. Un simple chiffre à côté du titre n'implique pas que le film n'a rien à proposer de neuf et dès le départ, dès la première scène, avec sa présentation en voix off qui renvoie délibérément à celle du premier film, l'ouvrage témoigne d'une extension de l'univers qui s'est infusé intelligemment de l’intrigue aux personnages et dans les moindres détails.

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Au vu du postulat présenté par la fin du précédent chapitre, le film se devait de poser cette question : à quoi ressemble le monde depuis que les vikings ont apprivoisé les dragons? En mêlant les aspects les plus triviaux de ce nouveau statu quo à ses aboutissants plus fondamentaux, le scénario présente un univers cohérent et dense. Dans un premier temps donc, il répond à l'interrogation susmentionnée en incluant tantôt une séquence dédiée, tantôt un simple gag, qui vont d'une nouvelle activité sportive à une réelle utilité professionnelle, avant de passer aux choses sérieuses en diégétisant carrément cette soudaine ouverture de l'univers, rendue possible par l'apprivoisement des bêtes - à vol de dragon, on explore plus vite et plus loin qu'en drakkar - permettant, littéralement, à la carte de notre héros de s'élargir. Nouvelles contrées, nouveaux dragons et nouveaux peuples, l’œuvre assure à tous les niveaux, dans la forme comme dans le fond. Du point de vue de la direction artistique, DeBlois compose un époustouflant livre d'images. Le design du Bewilderbeast ou du costume de Hiccup ou de l'armure de Valka, ces décors de glace ou sous-terrains, c'est autant de visuels iconiques qui racontent déjà beaucoup, sans jamais avoir à verbaliser la moindre information. À ce titre, on retrouve par moments le même art du storytelling muet par la mise en scène pure qui faisait vibrer le spectateur lors de l'apprivoisement de Toothless par Hiccup (et vice versa) dans le premier film. A cet effet, l’intégralité de la sublime séquence dans la caverne en fera frissonner plus d’un.

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Il n'est pas innocent de voir que le premier mot énoncé par DeBlois dans sa citation à propos de L'Empire contre-attaque ne désigne pas l'ampleur ou les personnages ou le fun, mais l'émotion. Cela restait la grosse inconnue de cette équation, le film serait-il aussi émouvant que son prédécesseur? La réponse est oui. Ce beau livre d'images, le cinéaste l'incarne, continuant l'histoire de Hiccup qui n'a pas fini de se chercher, de trouver qui il est et comment il se définit. L'arc du protagoniste s'inscrit totalement dans la continuité du premier tome sans pour autant qu'il y ait redondance. Hiccup continue de se construire et après Noé et X-Men : Days of Future Past, la thématique de l'année semble décidément être "Change les choses en montrant un meilleur exemple aux Hommes", avec cette peur de l'extinction par la main de l'Homme (une idée présente dans Godzilla également). Bryan Singer parle de ses Sentinelles comme de "la Solution Finale pour les mutants" et dans Dragons 2, la guerre qui point peut être remportée par celui qui invoquera le plus gros dragon dans un rapport de force qui rappelle la course à l'armement. DeBlois approche ces thèmes de façon plus légère, et plus intime surtout, mais prend le temps de donner du sens à la créature qu'il crée pour ce film, évitant la bête surenchère, tout comme il le fait pour le méchant, Drago Bludvist, sorte de miroir du héros qui présente également les pires aspects de son père, que Hiccup craint plus que tout de devenir. Bien qu'il soit peut-être un peu rapide dans sa structure, le film ne souffre d'aucun manque, certainement pas dans l’ampleur ou dans le fun. Epique ravissement pour les sens, toujours aussi incroyablement grisant dans ses scènes de vol, Dragons 2 est aussi plus drôle encore que le premier, sans jamais surfaire l'humour (souvent relégué à des gags géniaux d'arrière-plan) et intolérablement mignon (les dragons-chats du premier deviennent des cabots ici, même là le film ne se répète pas). En lieu et place d'un vulgaire franchise-building tout calibré, Dragons 2 c'est du world-building, fascinant, réfléchi, émouvant.

par Robert Hospyan

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